BMCE Capital Research optimiste pour Wafa Assurance en 2019
LA SOCIÉTÉ DE RECHERCHES VALORISE LE COURS WAFA ASSURANCE À 3 330 DH. L’ACTIVITÉ SERA BOOSTÉE PAR L’ACTIVATION DE PLUSIEURS LEVIERS CETTE ANNÉE. LES ANALYSTES S’ATTENDENT À DES HAUSSES RESPECTIVES DU CHIFFRE D’AFFAIRES ET DU RÉSULTAT NET DE 5,5% ET 8,8% EN 2019.
Les analystes de BMCE Capital Research ont changé d’avis concernant les titres de Wafa Assurance. Ils conseillent d’accumuler les titres dans les portefeuilles (vs alléger auparavant) qu’ils évaluent à un cours cible de 3 330 DH. Selon eux, l’activité de la compagnie devrait reprendre en 2019, après une année 2018 difficile marquée par une forte augmentation de la sinistralité nette provenant principalement de l’automobile et des risques de pointe. D’ailleurs, cette montée de la sinistralité automobile, qui inquiète depuis 2017, pèse lourdement sur l’activité des assureurs marocains. Concrètement, les charges de sinistres nettes en Non-Vie du secteur coté progressent à un rythme annuel moyen de 8% sur la période 2014-2018 (intégrant une hausse de 27% entre 2016 et 2018). Cette situation s’explique par différents facteurs dont la densité du parc automobile, notamment dans les grandes villes, la simplification du mode d’indemnisation des sinistres et la prolifération de la fraude, constituant aujourd’hui plus de 21% des dossiers d’indemnisation.
Des mesures drastiques pour juguler la hausse des sinistres automobiles
Pour Wafa Assurance, l’impact de la hausse de la fréquence des sinistres automobiles est significative. Alors que le secteur coté affiche un ratio S/P de 76% à fin 2018, celui de l’assureur s’établit à 84,1% (en hausse de 18,2 points comparativement à 2016). Cette situation s’explique notamment par la nature du parc automobile couvert par la compagnie, qui serait vraisemblablement constitué de véhicules Premium, et la diligence en matière d’indemnisation, notamment avec la mise en place de différents produits dont Wafa Delivery ou Wafa Moujoud. Corrélativement, à la sinistralité automobile, la compagnie a subi trois gros sinistres ayant impacté négativement ses résultats.
Malgré ces éléments qui noircissent le tableau, les analystes sont convaincus que l’activité de l’assureur va reprendre en 2019, puisque de nombreux leviers devraient être activés pour contrer cette montée de sinistralité. Exemple : la revue des dispositifs d’indemnisation et des conditions d’accès qui y sont liés, des franchises de certaines garanties annexes et des prestations d’assistance offertes. Les analystes citent également la modification de la convention d’indemnisation directe en auto à travers l’abandon du recours forfaitaire pour les dossiers inférieurs à 20 000 DH et l’enrichissement du barème de responsabilité ou l’unification du barème des valeurs vénales et vétusté pour les dossiers de plus de 20 000 DH, le renforcement du dispositif de lutte anti-fraude par la mise en place fin 2018 d’un extranet sinistre au niveau du marché et la mise en place d’un dispositif de détection de la multi assurance.
L’instauration de ces mesures devrait permettre à la compagnie de redresser sa rentabilité et de renouer avec la croissance, compte tenu de la solidité de ses fondamentaux et de l’attitude consciencieuse adoptée pour vaincre ce phénomène.
Au volet réglementaire, le secteur des Assurances devrait connaître durant les prochaines années un resserrement se traduisant par la mise en place du projet SBR (Solvabilité basée sur les risques). Il consiste en l’adoption d’une approche prenant en compte l’ensemble des risques encourus par les opérateurs (risque de souscription, risque marché, risque opérationnel, risque de contrepartie, risque de spread et risque de concentration) dans le calcul de la marge de solvabilité devant ainsi réduire de manière substantielle les excédents de marge des assureurs marocains. La mise en place effective de cette nouvelle norme devrait prendre a minima trois ans.
Cependant, l’assureur dispose d’un coussin de solvabilité de 314% à fin 2018 (contre une moyenne du secteur coté de 265%), largement supérieure au minimum réglementaire en vigueur (100%), lui offrant une marge de manoeuvre suffisamment importante pour faire face à cette nouvelle réglementation.
Un changement stratégique dans son expansion africaine
Par ailleurs, dans le sillage de son expansion à l’international, Wafa Assurance a entamé en 2011 sa stratégie d’internationalisation par implantation en greenfield et a obtenu en 2013 l’agrément pour la création de sa compagnie d’assurance-vie en Tunisie. L’assureur est aujourd’hui présent sur le continent africain à travers ses filiales en Tunisie, au Sénégal, au Cameroun et en Côte d’ivoire. En avril 2019, il a signé un accord portant sur le rapprochement avec les compagnies d’assurance Pro Assur Sa et Pro Assur Vie, opérant respectivement dans la Non Vie et la Vie au Cameroun.
Cette double opération confère, à l’assureur marocain, la majorité au sein des deux compagnies et aurait pour objectif le renforcement de son dispositif au sein de la première économie de la Zone CEMAC. Toujours selon les analystes, ce revirement stratégique, lié vraisemblablement au changement managérial, semble s’opérer in extremis pour permettre à l’assureur de saisir les dernières opportunités et bénéficier ainsi d’une large présence en Afrique tout en optimisant ses coûts.
S’agissant des perspectives financières, BKR table sur un chiffre d’affaires en hausse de 5,5% à 7,9 milliards de DH en 2019 et de 7,1% à 8,5 milliards en 2020. Le résultat net devrait, lui, s’apprécier de 8,8% à 661,6 MDH et de 14,4% à 757 MDH, respectivement en 2019 et 2020.
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