BMCE Capital Research : Une nouvelle année de croissance molle
POUR 2019, LE TAUX DE CROISSANCE ESPÉRÉ DEVRAIT SE SITUER DE 2,9% À 3,8%. LE FMI S’ATTEND À UN IMPACT POSITIF DE L’ÉLARGISSEMENT DE LA BANDE DE FLUCTUATION DU DIRHAM.
BMCE Capital Research a publié, récemment, une note où elle analyse l’évolution des grandeurs macroéconomiques. Les derniers chiffres à fin 2018 confirment le profil de croissance molle de l’économie marocaine qui tourne autour de 3%. Sur le plan des finances publiques, la situation à fin décembre laisse ressortir une dégradation du déficit du Trésor de 5,63% à -37,7 milliards de DH en 2018, expliquée par un solde ordinaire de 47,1 milliards, un solde positif des services de l’Etat gérés de manière autonome (SEGMA) de 796 MDH, une augmentation de 1,2% des dépenses d’investissement à 67,8 milliards. Et, un solde négatif de 17,8 milliards dégagé par les Comptes Spéciaux du Trésor.
Selon les prévisions du HCP, le déficit budgétaire devrait s’établir à 3,9% (3,7% selon les résultats provisoires de l’exécution de la Loi de finances 2018), en légère hausse annuelle de 0,1 point. Dans ce sillage, l’appétit du Trésor a augmenté en 2018, avec des levées brutes en hausse de 4%, en glissement annuel à 115,1 milliards de DH. A noter que ces levées étaient en recul de 0,6% en 2017 et de 25% en 2016. Intégrant la hausse des remboursements du Trésor de 1,8% à 85,6 milliards de DH, les levées nettes ont augmenté de 10,6% à 29,5 milliards en 2018. A ce titre et afin de couvrir son besoin de financement, le Trésor a fait appel au financement intérieur pour un montant de 40,1 milliards de DH à fin 2018 (contre 38,1 milliards de DH une année auparavant). Dans le détail, l’encours des bons du Trésor émis par adjudication s’est amélioré de 5,7% à 546,2 milliards de DH en 2018, avec une structure dominée à hauteur de 58,3% par les maturités à long terme, suivies des maturités à moyen terme (38,1%) et celles à court terme (3,7%). Les taux moyens pondérés primaires des bons du Trésor ont, quant à eux, évolué différemment en 2017, avec des hausses comprises entre 1 pb et 8 pb et des replis compris entre 2 pb et 11 pb.
Aggravation de la dette du Trésor en 2018
Sur le plan du financement extérieur, les remboursements du principal de la dette extérieure se sont élevés à 8,4 milliards de DH à fin 2018, tandis que les tirages ont atteint 6,4 milliards de DH, faisant ressortir un flux négatif de 1,9 milliard de DH.
Le recours de l’Etat aux emprunts a induit une hausse de la dette du Trésor à 65,8% du PIB en 2018, selon les derniers chiffres du HCP, contre 65,1% en 2017. La dette intérieure du Trésor, elle, s’est située à 52,6% du PIB (contre 50,7% en 2017) tandis que celle extérieure a reculé à 13,1% du PIB au lieu de 14,4% en 2017.
Sur le marché interbancaire, le besoin de liquidité des banques a augmenté pour se situer en moyenne à 62,1 milliards (41,4 milliards en 2017 et 14,7 milliards en 2016) compte tenu du repli des réserves internationales nettes de 4,4% à 230,2 milliards la même année et la hausse de la circulation fiduciaire.
Au registre du commerce extérieur, le déficit commercial s’est creusé de 8% à 204,5 milliards de DH en 2018 suite à l’augmentation de 9,3% des importations, impactées notamment par l’alourdissement de la facture énergétique (+12,8 milliards) et l’importation de biens d’équipement (+10,2 milliards), n’arrivant pas à contrebalancer la bonne performance des exportations qui se sont accrues de 10,2%, soutenues par les ventes de phosphates et dérivés (+7,5 milliards) et de l’automobile (+6,3 milliards). Dans ces conditions, le taux de couverture s’est établi à 57,3% en 2018 (contre 56,8% en 2017).
En 2019, le HCP table sur une croissance de 2,9%, confirmant une nouvelle année de croissance molle. Cette quasi-stagnation serait le résultat du ralentissement de la valeur ajoutée agricole, combiné à l’amélioration des activités non agricoles de 2,9% en 2019.
D’autres institutions comme le FMI et l’ONU restent plus optimistes, prévoyant une amélioration de l’activité économique à 3,3% et 3,8% respectivement (vs. 2,9% selon le HCP, la Banque Mondiale et la BAD et 3,1% selon Bank Al-Maghrib). Ces prévisions sont justifiées par l’optimisme et l’expectative, notamment du FMI, d’une plus ample diversification industrielle et d’une meilleure intégration à la chaîne de valeur globale.
Décélération de la croissance
Dans ce sillage, le FMI escompte un impact positif de l’élargissement de la bande de fluctuation du Dirham dans le cadre de la réforme de flexibilisation initiée par le Royaume. De son côté, la BAD met en exergue la problématique du risque météorologique lié au secteur agricole et propose, à cet effet, de renforcer les efforts de diversification économique vers les industries automobiles, aéronautiques et électroniques.
En attendant, au 1er trimestre 2019, la croissance devrait décélérer à +2,5% (contre +3,3% au 1er trimestre 2018), pâtissant du repli attendu de -0,7% de la valeur ajoutée agricole et de +2,9% de la valeur ajoutée non agricole (contre +3,8% et +3,4% respectivement au 1er trimestre de 2018). Pour sa part, la demande mondiale adressée au Maroc devrait, elle, connaître une amélioration de 3,8% en glissement annuel, profitant notamment aux industries manufacturières dont la croissance se situerait à +3% au 1er trimestre 2019.