compétitivité des entreprises comme moteur de croissance et de développement
La mondialisation des échanges financiers et économiques, l’arrivée des pays émergents et l’entrée des pays
développés dans une économie de la connaissance ont intensifié la compétition entre les pays. Depuis 2008, non
sans lien avec ces mutations, une crise financière et économique profonde est apparue. Dans ce contexte,
croissance et compétitivité sont devenues les enjeux et les objectifs des politiques publiques. Or, si l’innovation est
bien un facteur déterminant de croissance et de compétitivité pour les entreprises, son lien avec le développement
macroéconomique varie selon les pays. L’économie de la connaissance est encore un objet de recherche, tout en
étant à la source du développement de nombreux territoires de puissance.
En quoi l’innovation constitue-t-elle un moteur de
croissance durable ?
Si Schumpeter fut le premier à montrer que le progrès technique est à l’origine d’une croissance de long terme, l’idée
que l’innovation constitue un moteur de la croissance est désormais répandue et admise par tous.
Ainsi, on peut lire dans une publication de l’OCDE (Synthèses, novembre 2007) : « L’innovation est un facteur
déterminant de la croissance et des performances de l’économie mondialisée. Elle donne naissance à de nouvelles
technologies et de nouveaux produits qui aident à répondre aux enjeux mondiaux comme ceux de la santé ou de
l’environnement.
En transformant les modalités de production des biens et de prestation des services, elle stimule la productivité, crée
des emplois et contribue à améliorer la qualité de vie des citoyens. »
Philippe Aghion ajoute que l’innovation constitue le moteur d’une croissance qu’il qualifie de durable. Il explique que
lorsque la seule source de croissance provenait de l’accumulation du capital, il n’était pas possible de concevoir une
croissance durable, l’accumulation du capital tendant in fine à épuiser les ressources. L’innovation, basée sur
l’accumulation de connaissances, conduit à une croissance sur le long terme et ceci d’autant plus qu’elle oriente
l’économie vers une utilisation rationnelle des ressources finies. C’est ce que propose Michel Aglietta pour orienter
une économie bas carbone durable dans l’Union européenne.
Certains économistes et politiques s’accordent donc pour faire de l’innovation la solution aux problèmes de
croissance rencontrés par de nombreux pays développés et l’Europe en particulier. Une faible croissance viendrait
d’un faible taux d’innovation et d’un manque d’investissements, de la part du public comme du privé, sur le long
terme. En Europe, dès les années 2000, la stratégie de Lisbonne visait ainsi à atteindre une croissance durable à
travers des mesures de soutien à l’innovation.
Nombreuses sont aujourd’hui les voix qui concluent à l’échec de cette stratégie. Force est en effet de constater qu’en
2010, l’Union européenne n’était pas devenue « l’économie la plus compétitive et la plus dynamique du monde ».
Mais cette contestation de la stratégie de Lisbonne masque une critique plus profonde de l’innovation. Gilles Le
Blanc fait ainsi remarquer qu’à force d’avoir entendu que l’innovation serait la solution à tous nos problèmes et
constatant le peu de résultats au bout de 10 ans, les acteurs et les observateurs en viennent à remettre en cause,
non pas la politique concrètement mise en oeuvre, mais le concept même d’innovation.
Qu’appelle-t-on économie de la connaissance
L’innovation : moteur de la croissance et de la compétitivité dans l’économie de la connaissance ?
Depuis les années 90, les pays développés sont progressivement passés d’une économie de type fordienne à une
économie industrielle fondée sur la connaissance, qui plus est mondialisée et financiarisée. L’économie de la
connaissance se définit comme la généralisation d’un modèle productif, dans l’industrie et les services, fondé sur les
technologies de la communication et les réseaux, couplés à des ressources intensives en connaissance (personnels
hautement qualifiés, laboratoires de R&D, etc.) et une organisation réactive accordant une place centrale à
l’innovation.
Selon Elie Cohen, l’économie de la connaissance renvoie simultanément à trois réalités :
• le passage à une économie industrielle intense en R&D et en innovation ;
• le développement des secteurs propres à l’économie de la connaissance (nouvelles technologies de
l’information et de la communication) ;
• l’augmentation des activités de la connaissance au sein même des activités les plus traditionnelles.
De ce fait, l’économie de la connaissance repose sur la capacité à produire et à gérer les connaissances et les
autres actifs intellectuels ainsi que sur la capacité à intensifier les relations entre la science et l’industrie.
L’innovation : un facteur de compétitivité des entreprises ?
Dans une économie de la connaissance, la concurrence entre les entreprises ne repose plus seulement sur les prix
mais sur l’innovation. En effet, si l’innovation permet aux entreprises de gagner des parts de marché en
commercialisant de nouveaux produits et services, elle leur permet également de réaliser des gains de productivité,
d’améliorer la qualité de leurs produits et leur adaptation au marché et donc de gagner en compétitivité.
Mais comprendre les liens entre compétitivité et innovation est beaucoup plus complexe que ne le laisserait penser
le paradigme global de l’innovation. Qu’y a-t-il de commun entre l’innovation dans de grandes entreprises
mondialisées dans des secteurs aussi différents que l’électronique, la pharmacie, l’agroalimentaire etc. Leurs
écosystèmes composés de centres de recherche, partenaires, marché, normes sont en effet spécifiques. De plus
comment comparer l’innovation de grandes entreprises qui investissent massivement en recherche et
développement, de celles qui tout en innovant sont peu intensives en recherche mais s’alimente à des réseaux
créatifs tels que Ubisoft à Montréal.
Par ailleurs, l’économie est également basée sur un ensemble de petites et moyennes entreprises qui, pour
certaines, sont soit issues ou en partenariat avec des laboratoires de recherche technologique publiques , elles sont
alors intensives en R&D. Le cas de l’écosystème Grenoble est exemplaire, soit sont positionnés sur des marchés et
des niches traditionnelles ou l’innovation ciblée incorporant des technologies pouvant être rustiques ou frugales
trouvent leur marché et leur croissance y compris à l’international, c’est notamment le cas de l’entreprise “l’eau pure
“.
Au-delà de cette différenciation des facteurs clés de compétitivité suivant les caractéristiques de l’entreprise et de
leur marché, les voyages de l’IHEST ont mis en lumière différents modèles d’innovation tel celui de la Californie, de
la Chine ou du Japon, qui chacun à leur manière, ont une influence majeure sur les facteurs de compétitivité, ce qui
nous introduit à la problématique suivante de l’attractivité des territoires.
L’innovation : moteur de la croissance et de la compétitivité dans l’économie de la connaissance ?
L’innovation un facteur d’attractivité des territoires
Comme le souligne le rapport Innovation et compétitivité des régions : « Géographie et innovation sont liées dans un
mécanisme largement cumulatif. La tendance forte à la concentration spatiale des activités économiques est encore
plus marquée quand il s’agit d’activités innovantes, du fait des externalités liées à la proximité et des rendements
croissants, à l’échelle des entreprises comme des territoires. »* L’innovation résultant de processus d’agglomération
conduisant à la création de centres de connaissances de taille critique, les territoires se doivent désormais d’être
attractifs. Plus un territoire est innovant, plus il est attractif et réciproquement.
https://www.ihest.fr/IMG/article_PDF/article_a780.pdf