Le déclin des populations d’abeilles menace la sécurité alimentaire et la nutrition à l’échelle mondiale
LES PAYS SONT INVITÉS À INTENSIFIER LEURS EFFORTS VISANT À PROTÉGER CES ALLIÉS CRUCIAUX DANS LA LUTTE CONTRE LA FAIM. LES PRATIQUES AGRICOLES INTENSIVES, LA MONOCULTURE ET LE RECOURS EXCESSIF AUX PRODUITS CHIMIQUES AGRICOLES SONT À L’ORIGINE DU MAL.
Le déclin des populations d’abeilles à travers le monde représente une menace sérieuse pour l’ensemble de plantes qui jouent un rôle essentiel pour le bien-être humain et les moyens d’existence. Tel était le message transmis par la FAO, lundi 20 mai, à l’occasion des célébrations liées à la Journée mondiale des abeilles. Pour l’agence onusienne, les pays devraient en faire davantage afin de protéger ces alliés indispensables dans la lutte contre la faim et la malnutrition. Le nombre d’abeilles et d’autres pollinisateurs est en forte baisse dans plusieurs régions du monde, en grande partie à cause de pratiques agricoles intensives, de la monoculture, du recours excessif aux produits chimiques agricoles et aux températures en hausse associées au changement climatique. Résultat : les rendements agricoles et la nutrition s’en trouvent affectés.
Pire encore, si cette tendance se poursuit, les cultures nutritives telles que les fruits, les noix et autres légumes se verront remplacer par des cultures vivrières comme le riz, le maïs et les pommes de terre, favorisant ainsi les régimes alimentaires déséquilibrés. «Les abeilles sont grandement menacées par les effets combinés du changement climatique, de l’agriculture intensive, de l’usage de pesticides, de la perte en biodiversité et de la pollution», a déclaré José Graziano da Silva, directeur général de la FAO, dans un message vidéo diffusé à l’occasion de la Journée mondiale des abeilles.
«L’absence d’abeilles et d’autres pollinisateurs reviendrait à anéantir le café, les pommes, les amandes, les tomates et le cacao, qui à l’image d’autres cultures dépendent de la pollinisation. Les pays doivent s’orienter vers des politiques alimentaires et des systèmes durables en faveur des pollinisateurs», a-t-il ajouté.
Dans son message, José Graziano da Silva a invité tout le monde à faire des choix favorables aux pollinisateurs. «Le fait même de faire pousser des fleurs chez soi contribue à cet effort en donnant à manger aux abeilles», a-t-il expliqué.
Les abeilles font partie des créatures les plus travailleuses sur la planète, fournissant des services écosystémiques essentiels pour la planète en assurant la pollinisation. Celle-ci assure la reproduction de nombreuses plantes cultivées et sauvages, soit un service indispensable à la production agricole, à la biodiversité mais aussi aux moyens d’existence des populations.
Dans le détail, les abeilles et autres pollinisateurs tels que les oiseaux et les chauves-souris ont un impact sur 35 % de la production agricole mondiale, en contribuant à faire augmenter la production de 87% des principales cultures alimentaires dans le monde, ainsi que celles de nombreux médicaments faits à partir de plantes.
Autre donnée éloquente : près des deux-tiers des plantes cultivées qui nourrissent la population mondiale dépendent de la pollinisation réalisée par des insectes ou par d’autres animaux pour produire des fruits de bonne qualité et les semences destinées à la consommation humaine. La nutrition tire également profit de la pollinisation puisqu’elle favorise la production de fruits, de noix et de semences en grand nombre, mais contribue aussi à leur variété et à leur qualité.
La FAO mène plusieurs activités visant à encourager des pratiques favorables aux pollinisateurs en matière de gestion agricole, dont l’Action mondiale en faveur des services de pollinisation pour une agriculture durable et l’Initiative internationale sur les pollinisateurs.
Le récent rapport de la FAO sur la situation mondiale de la biodiversité pour l’alimentation et l’agriculture insiste également sur le fait que de nombreuses espèces, associées à la biodiversité, notamment les abeilles, sont gravement menacées et appelle les gouvernements, ainsi que la communauté internationale, à en faire davantage pour lutter contre les principaux facteurs responsables de la perte de biodiversité.
la vieéco