Les valeurs que l’entreprise doit emprunter au Sport


Les valeurs que l’entreprise doit emprunter au Sport

ESPRIT DE COMPÉTITION, RIGUEUR, SÉRIEUX, APPRENTISSAGE : DES VALEURS PARTAGÉES. IL Y A UNE CORRÉLATION ENTRE L’IMPORTANCE QUE PORTE UNE NATION AU SPORT ET LA COMPÉTITIVITÉ DE SON ÉCONOMIE. AUX ETATS-UNIS, PAR EXEMPLE, LES SPORTIFS PROFESSIONNELS NE SONT QUE LA PARTIE VISIBLE DU POIDS DU SPORT DANS L’ÉCONOMIE DU PAYS. AUCUNE ÉQUIPE NE RÉUSSIT SANS LA CONFIANCE ENVERS SON COACH.

J’ai grandi jouant au tennis à Rabat. Mon père m’a transmis cette envie de m’entraîner dur, de me réveiller tôt, de me dépasser, de respecter le terrain en l’arrosant après avoir joué, d’analyser mon adversaire, de développer des stratégies, d’être audacieux dans mon jeu et surtout de savoir perdre. Il aurait souhaité que je devienne un professionnel mais la fougue de l’adolescence en aura voulu autrement. D’aucuns pourraient considérer que s’entraîner comme un professionnel et ne pas en devenir un champion rime avec défaite. Sur le moment peut-être. Mais le temps m’a montré que c’est justement ce travail et surtout son échec qui m’ont donné les fondations sur lesquelles je construis ma vie tous les jours. Pour que les Nations Unies déclarent le sport comme partie intégrante des «droits de l’homme», c’est dire l’importance systémique que ça revêt à l’échelle d’un pays.

Le sport renforce les ambitions de compétitivité

Il ne faut pas être devin pour se rendre compte que les valeurs du sport convergent pleinement avec celles du monde de l’entreprise : compétition, rigueur, sérieux, apprentissage, vision sont autant de concepts qui lient ces deux univers d’apparence séparés. Quand nous sommes jeunes, l’apprentissage de ces valeurs fondamentales se fait principalement par l’éducation sportive et le jeu. Pour ça, nous devrions pouvoir compter sur l’école, les infrastructures sportives et surtout une politique d’Etat solide, construite avec détermination en prenant pour exemple les nombreux succès à travers le monde.

Quand nous ne produisons plus de sportifs, nous ne produisons plus de rêves et quand on ne rêve plus on s’éteint tout doucement. Nous avons tendance à penser que le sport est là uniquement pour divertir. Loin sans faut. Prenons l’exemple des Etats-Unis. Le sport tient un rôle sociétal majeur qui renforce son ambition d’être l’économie la plus puissante et compétitive du monde. Les sportifs professionnels que vous voyez ne sont que la partie visible de l’iceberg. En dessous se cachent des dizaines de millions d’Américains qui font du sport, qui admirent leurs sportifs et qui ont pleinement incorporé des valeurs à transposer dans le monde du travail et la vie.

Et ce n’est pas une question de taille de nation non plus. Il suffit de voir les résultats sportifs de la Serbie pour comprendre que leur réussite n’est pas le fruit du hasard. Champion du monde de basket-ball, n°1 mondial en tennis masculin, champion d’Europe de volley, hand-ball (hommes et femmes confondus), basket-ball, waterpolo, etc. tout ça pour 9 millions d’habitants dans un pays qui a été ravagé par des guerres et qui peine toujours aujourd’hui à se redresser.

Quant à nous, notre seule et unique médaille gagnée aux derniers Jeux olympiques en dit long sur l’importance que nous consacrons au sport dans notre pays. Quand nous ne produisons plus de sportifs, nous ne produisons plus de rêves, et, quand nous ne rêvons plus, nous nous éteignons.
Alors comment pouvons-nous analyser le management sous le prisme du sport ?

Dans une équipe (comme dans une entreprise) chacun à un rôle à jouer, sinon son poste est obsolète. Chacun des joueurs doit se dépasser pour garantir la réussite de son équipe. Le moindre manquement est lourd de conséquences, c’est pour cette raison que nous sommes tenus «responsables» de nos actions. C’est cette responsabilité qui nous fait travailler plus et, surtout, mieux pour atteindre l’excellence. Il ne peut y avoir de progrès sans responsabilité. Et ici, le sport, encore une fois, en est le meilleur formateur. Au Maroc, c’est plutôt le contraire qui est de mise, de nos partis politiques à nos entreprises la «déresponsabilisation» est le dénominateur commun.

Un dirigeant n’est autre chose qu’un coach. C’est à lui qu’incombe la responsabilité de tracer une vision claire, décrire ses objectifs et aligner en fonction les performances des membres de son équipe. Aucune équipe ne peut connaître le succès sans la confiance dans son coach. Parce qu’il doit mener par l’exemple, et ne pas juste dicter ; il doit s’assurer que le maillon le plus faible de sa chaîne est aussi solide que possible en inspirant, en accompagnant et en structurant.

Le sport, un catalyseur de principes

Pourquoi suffit-il d’un team building articulé autour d’une activité sportive ludique pour renforcer le sentiment de jeu collectif? et d’en voir les ramifications directes au travail ? Parce que nous ressentons soudainement que nous faisons partie d’un tout, qu’on compte sur nous et que nous pouvons en échange compter sur les autres : ça ressemble étrangement à ce que nous attendons de la société dans son ensemble et de l’entreprise en particulier. La réussite de l’économie, la compétitivité de nos entreprises, l’espoir de nos jeunes, notre capacité à échouer et donc à innover, la santé de nos compatriotes et le liant de notre société passent tous en partie par la transmission du sport comme catalyseur de principes et de valeurs morales essentielles. Donc à la question : Y a-t-il une corrélation entre l’importance que porte une nation à son sport et la compétitivité de son économie? La réponse est clairement oui. Peut-on y changer quelque chose ? Ça dépend à quel point nous aimons relever les défis.

la vieéco


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