Salon du Bourget : le Maroc piste les investisseurs pour consolider l’écosystème aéronautique
LE SECTEUR AÉRONAUTIQUE MAROCAIN COMPTE 140 ENTREPRISES QUI EMPLOIENT 16 700 PERSONNES QUALIFIÉES. LE TAUX D’INTÉGRATION LOCALE EST PASSÉ DE 17,5% À FIN 2014 À 34% À FIN 2018. PLUSIEURS ACCORDS SIGNÉS AVEC DES PARTENAIRES ÉTRANGERS.
Le Salon international de l’aéronautique et de l’espace du Bourget a clôturé, dimanche 23 juin, sa 53e édition. Cette grand-messe internationale des professionnels de l’aéronautique et du spatial, organisée tous les deux ans, a été l’occasion pour le Maroc de renforcer sa position en tant que plate-forme compétitive de production à proximité de l’Europe. A cet effet, la délégation marocaine composée de représentants du Groupement des industries marocaines aéronautiques et spatiales (GIMAS) et de l’Agence marocaine de développement des investissements et des exportations (AMDIE) a multiplié les rencontres avec les pionniers mondiaux de l’aéronautique participants afin de présenter l’expertise du Maroc dans le secteur et les atouts qu’il présente.
En chiffres, le secteur aéronautique marocain compte 140 entreprises et 16 700 personnes qualifiées. En 2018, les exportations du secteur se sont élevées à 13,9 milliards DH, soit 5,6% du total des exportations du Royaume. En parallèle, le secteur enregistre également la plus forte croissance à l’export de l’industrie manufacturière avec un taux de 13,8%.
Le Royaume est, de ce fait, entré dans une nouvelle ère aéronautique où l’intégration locale est le fer de lance. Depuis le lancement du Plan d’accélération industriel 2014-2020 (PAI), le taux d’intégration locale a presque doublé. Il est passé de 17,5% fin 2014 à 34% à fin 2018. Et le revenu du secteur a plus que doublé, passant de 8 milliards de DH en 2014 à 17 milliards en 2018. Les objectifs tracés ont d’ores et déjà pratiquement été atteints, s’agissant notamment de l’intégration locale qui était initialement de 35% à l’horizon 2020 et qui sera revue à la hausse à 42%. Sur la période, l’emploi a crû de 67%.
ADI Industries double sa taille au Maroc
Parmi les faits marquants de cet événement figure la signature du Maroc et de la France de deux accords aériens portant sur la coopération technique et les enquêtes de sécurité sur les accidents et incidents d’aviation civile. Ils ont été paraphés par le ministre marocain du tourisme, du transport aérien, de l’artisanat et de l’économie sociale, Mohamed Sajid, et la ministre française chargée des transports Elisabeth Borne. «Ces accords montrent notre volonté d’approfondir encore davantage notre coopération déjà étroite dans le domaine de l’aviation civile», a indiqué Elisabeth Borne, précisant qu’il s’agit là de «matérialiser de nouveau la qualité de nos relations à travers ce partenariat dans le domaine de l’aviation civile». De son côté, M. Sajid voit d’un bon oeil la signature de ces nouveaux accords qui «vont permettre de renforcer davantage la coopération des deux pays dans le domaine de l’aviation civile».
Le groupe français AD Industries (ADI) a annoncé la décision de doubler la capacité de son site de fabrication de pièces moteur dans la zone franche Midparc de Casablanca. L’accord a été signé par le président d’AD Industries, Evrard Willemaers, et le président de Midparc, Hamid Benbrahim El Andaloussi, à l’occasion de la participation marocaine au salon.
Le président du groupe français a déclaré qu’il souhaite développer les locaux actuels en construisant une surface supplémentaire de 7000m2 pour créer près de 250 emplois en investissant entre 15 et 20 millions d’euros dans un horizon de quatre ou cinq ans.
«Avec l’implantation de l’activité pièces moteur au Maroc, nous sommes en train d’enrichir l’écosystème global aéronautique et de monter aussi en compétence, surtout à un moment où il y a une forte demande et une forte pression du secteur de fabrication d’avions», a relevé M. El Andaloussi.
Interrogé au Salon aéronautique du Bourget sur le sort de l’usine de Bombardier, le ministre de l’industrie, de l’investissement, du commerce et de l’économie numérique Moulay Hafid Elalamy a affirmé que plusieurs candidats «d’ampleur étonnante» sont intéressés par le rachat du site industriel de Bombardier.
«En deux semaines, trois entreprises sont déjà entrées en lice et aujourd’hui ils sont bien plus d’une dizaine», souligne le ministre, avant d’enchaîner que «dans cette configuration, la partie marocaine est la plus intéressante. Elle intéresse les plus grands pour plusieurs raisons, principalement pour la compétitivité du pays (la plate-forme Maroc est la plus compétitive que Bombardier a dans son patrimoine) conjuguée à une technicité très appréciée des ingénieurs marocains».
Le ministre affirme que d’excellentes relations continuent d’être entretenues avec Bombardier : «Nous sommes néanmoins obligés de suivre. Il s’agit là tout simplement d’une cession d’usine d’une société qui est en difficulté financière depuis un moment, et qui cherche à se recentrer sur son activité principale, à savoir l’aviation d’affaires au niveau du Canada».
Rappelons dans ce sillage que le numéro 3 mondial opte désormais pour un nouveau business-modèle, à l’image des leaders de l’aéronautique Airbus et Boeing, en créant une division aéronautique unique et en rapprochant ses activités d’avions d’affaires et de court-courriers, en parallèle à une cession d’actifs considérés désormais non stratégiques, notamment ses unités d’aérostructures à Belfast et au Maroc.
Conçue par BCG Consulting, la nouvelle identité visuelle de l’Agence marocaine de développement des investissements et des exportations (AMDIE ) a été dévoilée en avant-première au salon. Cette identité visuelle sera présentée officiellement au Maroc en septembre. «In fine, nous espérons que cette marque soit utilisée par toutes les parties prenantes (CRI, régions, fédérations sectorielles, etc», nous confie Hicham Boudrâa, DG de l’AMDIE. «Nous poursuivons notre feuille de route entamée en 2014. Néanmoins, nous veillons dorénavant à imbriquer l’export à l’investissement», ajoute-t-il.
Par ailleurs, s’agissant de la présence du Maroc au Salon du Bourget, M. Boudrâa atteste que «le Royaume est présent pour démontrer encore une fois qu’il n’est pas uniquement un pays producteur mais surtout qu’il dispose d’une offre réelle grandissante. Plusieurs industriels exportateurs sont aujourd’hui basés au Maroc. Ce chiffre est amené à grossir, grâce aux contrats de sourcing dont nous disposons (Boeing par exemple)».
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