Secteur automobile : les salaires des profils pointus prennent de l’altitude
LES RESSOURCES HUMAINES CONSTITUENT UN GRAND DÉFI POUR LES DIFFÉRENTS OPÉRATEURS DE LA PLACE. AVEC L’ARRIVÉE DES VOITURES INTELLIGENTES, UNE TENSION SE CRÉE EN PARTICULIER SUR LES MÉTIERS NOUVEAUX.
L’industrie automobile marocaine a enregistré une croissance remarquable au cours des dix dernières années, notamment une année record en 2018 avec plus de 177000 véhicules vendus, soit une progression de 5,7% par rapport à 2017. Le plus important pour l’écosystème automobile, Renault a atteint la barre des 400 000 voitures produits au Maroc .
Corrélativement à cette montée en puissance, le secteur a créé un très grand nombre d’emplois entre 2014 et 2017 avec 83 845 nouveaux postes, soit plus de 93% de l’objectif fixé à l’horizon 2020.
Les profils les plus recherchés
Au-delà des investissements, ce sont les ressources humaines qui constituent un défi aujourd’hui pour les différents opérateurs de la place.
Il faut dire que l’éventail des métiers est assez large. Pratiquement, toutes les spécialités et tous les profils sont sollicités. Cela va de l’ingénieur électronique, l’ingénieur systèmes automobiles, l’architecte logiciel automobile en passant par le géomètre, le chaudronnier, le soudeur, le responsable qualité, le technicien de maintenance, l’opérateur…
D’autant plus qu’avec la mutation que vit actuellement l’industrie automobile, arrivée des voitures intelligentes et impérative nécessité d’économiser l’énergie, ces tendances créent de la tension en particulier sur les métiers liés à la motorisation.
Le secteur automobile recherche alors des ingénieurs s’étant spécialisés via leur formation, leur stage de fin d’études ou leur parcours professionnel. Et tout particulièrement dans le contrôle moteur, le développement logiciel, la conception électronique, l’automatisme et la mécanique. Certains équipementiers recherchent des spécialistes de l’optique, l’électronique, la mécatronique, de l’ingénierie système ou de la conception software et hardware.
Pour Salah Sabik, consultant RH et ex-DRH d’un constructeur automobile dans la région de Tanger, «le niveau d’exigence a augmenté. Il y a quelque années, les constructeurs recherchaient auparavant des techniciens de qualité apportant une plus-value technologique. Aujourd’hui, ils doivent être en plus apte à s’intégrer dans une équipe, à avoir des compétences transverses et surtout avoir la bonne attitude dans le travail. Les employeurs s’attachent aujourd’hui à embaucher des personnalités. Pour sortir du lot, il faudra aussi développer les compétences, les soft skills, comme la communication, le travail en équipe», souligne-t-il.
Les opérateurs se battent pour le même pool de candidats
De l’avis d’Ali Serhani, consultant associé du cabinet Gesper Services, «on assiste à une guerre des meilleurs profils. Les opérateurs se battent pour le même pool de candidats du marché marocain, qui évoluent souvent dans les mêmes microcosmes. Conserver ces perles rares devient un enjeu de taille face au turnover, et la pression de la concurrence entraîne une certaine inflation des salaires».
Achraf Dahbi, consultant senior au sein du cabinet LMR ORH, indique, pour sa part, que «les entreprises rajoutent du 20 à 30 % pour gagner du temps et disposer de profils expérimentés. Par exemple, une entreprise de la place a dû embaucher un technicien de montage à 35000 DH. Ceci étant reste une exception. Cette inflation des salaires pose finalement problème à la compétitivité du pays».
Toujours est-il que les niveaux de rémunération du secteur automobile sont, aujourd’hui, dans la moyenne des salaires de l’industrie.
Il faut compter entre 6000 et 9 000 DH pour un ingénieur débutant, des niveaux de salaire qui sont positionnés sur la base des écoles de provenance. Avec plus de trois ans d’expérience, les salaires peuvent se situer entre 13000 et 15 000 DH. Les salaires des cadres dirigeants peuvent être estimés à plus de 30 000 DH. «Un salaire de directeur commercial peut aller jusqu’à 80 000 DH nets. Par contre, les salaires des commerciaux tournent autour de 5 000 DH. Face à la pénurie de bons commerciaux, l’idéal pour les opérateurs du secteur est de recruter les plus bons dans d’autres secteurs alors que beaucoup se rechignent à le faire», conclut Ali Serhani.
la vieéco