:Thème : effet des investissements étrangers sur les économies des pays en développement
cas du Maroc
RAJAA BENOMAR : étudiante chercheur à la faculté des sciences juridiques, économiques et sociale Agdal-Rabat.
Ce travail est réalisé par : RAJAA BENOMAR & HOUSSNA BENNANI.
Sous la prévision de : Mr ZAKARIA FIRANO.
J
Introduction générale
L‘investissement direct étranger (IDE) est considéré comme un catalyseur de croissance et du développement économique des pays en développement, émergents et même des pays développés. Ainsi, parmi les caractéristiques fondamentales, qui distinguent les pays en développement des pays développés : l’abondance de la main-d’œuvre et la rareté du capital. Cette situation, justifie les objectifs prioritaires de ces pays en terme de réalisation d’une croissance économique créatrice d’emploi, et également avoir une main d’œuvre qualifiée et capable d’acquérir un savoir-faire et un savoir-être et surtout en ce qui concerne la maîtrise des nouvelles technologies.
Le Maroc ne s’écart pas de cette situation en tant qu’un pays en développement, après son indépendance, a été engagé dans un processus de mise à niveau de l’ensemble des secteurs, ainsi qu’il a accordé une grande importance à ses infrastructures économiques et sociales, cette politique volontariste a généré des déficits financiers structurels ce qui a nécessité la mise en place d’un programme d’ajustement structurel (PAS) dans les années 80, et ce jusqu’à ce jour là le Maroc est encore entrain d’améliorer son appareils institutionnel, pour être crédible et alors avoir des avantages en terme d’attraction d’investissement étranger. Dans ce cadre, le discours royale de sa majesté le roi Mohammed 6 confirme notre analyse à savoir :
« La consolidation de l’adhésion du Maroc au dispositif international des droits de l’Homme, à travers notamment la consécration constitutionnelle des règles de bonne gouvernance, est de nature à conforter la crédibilité de notre pays en tant que partenaire économique jouissant d’une forte attractivité en matière d’investissement. Pour cela, il dispose d’un atout majeur, en l’occurrence les partenariats et accords de libre-échange conclus aussi bien avec des pays et groupements situés dans notre voisinage immédiat, qu’avec d’autres grandes puissances économique » .
Des efforts doublés pour avoir une croissance favorable (est synonyme de production de biens et services, de créations d’emplois et de richesses), c’est là où elle apparaît l’importante relation entre les investissements directs étrangers et la croissance économique.
L’attention donc suscitée par l’IDE est fondée à partir des arguments théoriques pour bien expliquer les déterminants d’IDE avancée par la pensée libérale d’Adam Smith et Ricardo, leurs théories connaissent un grand développement, ainsi que des critiques qui semblent acceptables et répondent à la complexité des relations entres les pays.
À la lumière de ces éclaircissements nous pouvons alors souligner un ensemble de questions auxquelles notre mémoire tente d’apporter quelques réponses.
- Quels sont les facteurs qui ont contribués à l’émergence des IDE dans le monde ?
- Quels sont les effets des (IDE) entrants sur la croissance économique dans les pays en développement « cas du Maroc » ?
Ces questions constituent donc notre problématique, qui souligne la relation des (IDE) et leurs impacts sur la croissance économique.
La structure de notre travail
Pour répondre à ces questions, notre mémoire est structuré comme suit :
- La première partie est consacrée dans un premier lieu à une revue de définitions et des principaux concepts relatifs à l’IDE ainsi que les stratégies des FMN, dans un deuxième lieu, elle est focalisé sur les principales théories explicatives d’IDE , dont une complémentarité entre certaines théories d’une part et une contradiction entre autres, d’autre part, ce placement de ces théories face à face a donné lieu à un débat animé.
- Dans La deuxième partie, on a procédé à une stratégie comparative des entrées des IDE au Maroc aves celles de certaines pays de la région MENA, en soulignons les efforts menées par ces pays pour attirer les investisseurs étrangers et quelques inconvénients qu’ils rencontrent. Ainsi pour répondre à la deuxième question de notre problématique, on a construit un modèle économétrique qui étudie la fameuse relation entre IDE et croissance économique pour le cas du Maroc.
Partie 1 : Les flux de capitaux et croissance économique
Introduction à la partie 1
« Comment on peut dire que l’investissement direct étranger est un mouvement de capitaux, ainsi que dans certain cas l’investissement direct étranger ne suppose pas un mouvement de capitaux. Une firme pourrait entreprendre un investissement à l’étranger avec des fonds empruntés sur le marché local. Elle pourrait fournir le capital social à l’aide de devises, mais si elle participait à une entreprise commune, son investissement dans le capital social pourrait prendre la forme de brevets, de machine, de technologie ou d’autres objets réels. En outre, dès que l’investissement est devenu profitable, elle n’emprunte plus et réinvestit les profits. L’investissement direct n’a pas tant représenté un mouvement international de capitaux qu’une formation de capital entreprise à l’étranger » disait : Frédéric Teulon.
Ainsi, l’objet de cette partie est de définir les concepts fondamentaux liés au flux de capitaux (investissement direct étranger), et son évolution théorique dans le temps qui nous permet de justifier notre choix d’analyser les IDE en tant que facteur de développement économique. En effet les IDE ont pris de l’ampleur en termes de flux et d’impact, ce qui n’est pas sans conséquence sur le plan politique, économique mais aussi social .Les IDE sont importants lorsque nous parlons de transferts (entre acteurs économiques locaux) que lorsque nous nous intéressons à la croissance économique d’un pays.
Cette partie est consacrée à présenter, sur la base de plusieurs théories économiques, l’ensemble du processus d’internationalisation d’une entreprise, en procédant par étapes, tout on permettra au lecteur d’avoir une idée complète et précise de ce processus qui assez complexe.
Dans ce cadre, nous allons donc présenter, dans cette première partie, constituant un prélude à l’étude des investissements étrangers, quelques généralités sur les IDE, en passant après dans un deuxième chapitre aux sommaires des principales théories explicatives des IDE.
Chapitre 1 : Généralités sur les IDE
Section1-Définitions préliminaires de l’IDE et ses caractéristiques
- 1-Définition de l’IDE et des termes en relation:
La définition de l’investissement étranger fait l’objet d’une abondante littérature. On distingue généralement deux types d’investissement étrangers : les investissements directs étrangers (IDE) et les investissements de portefeuille. Ces derniers, bien qu’ils soient en croissance continue et qu’ils occupent une place de plus en plus importante dans l’économie mondiale, ne feront pas l’objet de notre étude, nous avons donc circonscrit l’objet de cette étude à l’IDE.
Ainsi pour le fonds monétaire international FMI, les IDE sont « des placements qui sont effectués par l’investisseur en vue d’acquérir un intérêt durable dans une entité et lui confère un pouvoir de décision effectif sur la gestion de celle-ci, et dont le comportement a par conséquent, tendance à différer de celui des autres types de l’investissement ». Les notions d’« intérêt durable et de pouvoir de décision » sont donc les notions qui permettent de distinguer l’IDE de l’investissement en portefeuille (actions, obligations ou autres). La distinction entre les deux types d’opérations est assez complexe dans la mesure où le critère de différenciation, à savoir le seuil de participation diffère d’un organisme à l’autre. En effet certains organismes; La balance des paiements MBP, considère qu’une relation d’investissement direct immédiate est crée lorsqu’un investisseur direct possède directement une participation qui lui confère 10% ou davantage des droits de vote dans l’entreprise d’investissement direct. Outre, il existe une relation d’investissement direct entre deux entreprises qui n’exerce aucun contrôle ou influence l’une sur l’autre, mais qui sont toutes deux sous le contrôle ou influence du même investisseur direct(c-à-d. les entreprises sœurs).De même une relation indirect d’investissement direct est crée par la possession de droit de vote dans une entreprise d’investissement direct qui possède des droit de vote dans une ou plusieurs autre(s) entreprise(s).
Ajoutons que l’OCDE a donné aux IDE la définition suivante « toute personne physique, toute entreprise publique ou privé, tout gouvernement, tout groupe de personnes physiques liées entre elles, tout groupe d’entreprises ayant ou non la personnalité morale, liées entre elles, est un investisseur direct étranger s’il possède lui-même une entreprise d’investissement direct, c’est-à-dire une filiale, une société affiliée ou une succursale faisant des applications dans un autre que le ou les pays de résidence de l’investissement ou des investissements directs »
« Entreprise ayant ou non la personnalité morale, dans laquelle un investisseur étranger détient au moins 10% des actions ordinaires ou des droits de vote ».
Pour l’organisation mondiale de commerce OMC : « L’investissement direct étranger, basé dans un pays donné (pays d’origine), qui acquiert des actifs dans un autre pays (pays d’accueil) avec l’intention de les gérer »
Pour mieux cerner cette notion d’IDE, les auteurs n’ont pas manqué de présenter un certain nombre de définitions et précisions complémentaires. En voici certaines d’entre elles :
- Investisseur direct: un investisseur direct est une entité ou groupes d’entités apparentées qui dispose du contrôle ou d’une influence importante sur une autre entité résidente dans une autre économie.
- Entreprise d’investissement directe : selon le MBP6 une entreprise d’investissement directe peut être définie comme étant une entité soumise au contrôle ou à l’influence importante d’un investisseur direct. Dans certains cas, une unité unique peut être, simultanément, un investisseur direct, une entreprise d’investissement direct et une entreprise sœur dans ses relations avec d’autres entreprises.
- L’exercice du contrôle ou de l’influence : le contrôle ou l’influence peuvent être exercés directement au moyen des votes découlant de la détention d’une part de capital de l’entreprise (entreprise d’investissement direct), ou indirectement par l’exercice de droit dans une autre entreprise qui détient des droits de vote dans l’entreprise.
- Différence entre une entreprises sœurs ; filiale et une entreprise associée selon le MBP6 :
- les entreprises sœurs : sont des entreprises qui ont le même investisseur direct immédiat ou indirect, mais qui n’exercent aucun contrôle ou influence les unes sur les autres.
- Une filiale : est une entreprise d’investissement direct sur laquelle l’investisseur direct est en mesure d’exercer le contrôle.
- Une entreprise associée : est une entreprise d’investissement direct sur laquelle l’investisseur direct est en mesure d’exercer une influence significative, mais non le contrôle.
- L’investissement de portefeuille : « est constitué par les transactions et positions transfrontalières portant sur des titres de créance ou des actions, autres que celles de l’investissement direct ou des avoirs de réserve ».
- Firme multinationale : pour les organisations internationales comme l’OCDE et la CNUCED. Pour la CNUCED est qualifiée de multinationale, « toute entreprise qui, indépendamment de sa forme juridique particulière, exerce un contrôle direct ou indirect sur les actifs possédés par une ou plusieurs entreprises situées dans des pays différents de celui où cette entreprise a installé son siège social ».Ainsi pour Jean-Louis Mucchielli, « une firme multinationale est une entreprise qui fabrique tout ou partie d’un produit à l’étranger. La production à l’étranger est l’essence même de la multinationalisation : elle nécessite l’établissement de filiales à l’étranger ».
- 2-Les mesures d’IDE :
Les différentes statistiques ayant faites l’objet des IDE comportent principalement celles qui sont relatives aux flux, ainsi que d’autres concernant les stocks d’IDE.
- Les flux d’IDE : correspondent aux mouvements d’entrée et de sortie des IDE dans un pays pendant une période déterminée. On distingue généralement des flux d’IDE entrants correspondant aux investissements faits par des étrangers dans un pays alors que les IDE sortants correspondant aux investissements faits par les investisseurs de ce pays dans des entreprises à l’étranger. Il ya lieu d’établir les flux nets c’est-à-dire la différence entre les recettes d’IDE et les dépenses d’IDE. Alors, on vous présente le graphe suivant concernant les flux des IDE dans le monde.
Graphe 1 : Coup de froid sur les flux d’IDE.
Source: CNUCED, rapport sur l’investissement dans le monde 2018.
- Les stocks d’IDE : correspondent au total des capitaux laissés à la disposition des entreprises investies par les investisseurs. Généralement, le stock d’IDE représente la valeur totale du capital propre, des créances à long terme et des créances à court terme utilisées par l’investisseur direct dans l’entreprise d’investissement direct. Dans le cadre de notre étude, on vous présente es stocks mondial d’IDE dans certains groupes dans le graphe suivant :
Graphe 2 : IDE groupes, 2015 et 2016(En milliards et en pourcentage).
Source : CNUCED
Section 2 : Modalités d’IDE
Généralement, une entreprise peut prendre deux formes différentes ; ainsi une entreprise peut être créée ex nihilo une nouvelle entité à l’étranger; il s’agira alors d’un investissement Greenfield. Elle peut aussi racheter des actions d’une société déjà existante et procéder à une fusion-acquisition (investissement brownfield).Ainsi nous explorons ici entre deux types essentiels de la transnationalisation; la stratégie horizontal et celle verticale.
- 1-IDE horizontal / de pénétration :
Ce type d’IDE permet de produire pour le marché d’implantation afin de servir les demandes locales; autrement dit, produire le même bien ou servir à travers plusieurs filiales localisés dans plusieurs pays. Les IDE horizontaux ciblent principalement les pays développés. La motivation principale de ce type d’investissement est la proximité de la demande, réduire les coûts de transports et gagné en compétitivité sur plusieurs marchés par la multiplication des facteurs de production. Par conséquent, grâce à ce type d’investissement la firme économise les coûts de transport ainsi que les tarifs douaniers, jouie de la courte durée de livraison et la réaction rapide face aux variations de la demande en ajoutons son bénéfice réalisé grâce à la réduction de ses coûts fixes d’installation et sa réalisation des économies d’échelle lorsqu’elle s’implante sur un marché de grande taille.
- 2-IDE vertical /de délocalisation :
Dite stratégie ”filiales-ateliers” ou de délocalisation, guidée par les différences internationales de coût de production, ce qui ramène donc à la théorie des avantages comparatifs. En effet, les firmes multinationales FMN peuvent fragmenter en chaîne de production pour exploiter les écarts entre les avantages comparatifs des pays en vue de minimiser ses coûts, de maximiser ses profits et d’avoir une position de force envers ses concurrents locaux et internationaux.
Alors, une FMN installe une filiale dans un pays étranger si ses coûts seront moindres par rapport à son pays d’origine, par exemple la FMN essaye d’installer les activités intensives de main d’œuvre dans les pays en développement, et les activités intensives en technologie dans les pays développés.
Pour Mucchielli les FMN de type vertical apparaissent entre pays différents en taille et en dotations factorielles « si les pays ont différents en termes de dotations factorielles et de revenus, les entreprises sont incitées à fragmenter le processus productif en plusieurs étapes ou segments afin de bénéficier des différentiels des coûts de production le long de la chaîne de valeur »
À titre de résumé le tableau suivant donne idée sur les motivations qui conditionnent l’apparition de chacun des deux types d’IDE.
Tableau : Types d’IDE classés selon la motivation des firmes
Source: CNUCED, world investment report 1998: Trends and determinants, tableau IV.1, p.91.
Chapitre 2 : Sommaire des principales théories explicatives de l’IDE
Plusieurs sont les théories traitant ce sujet. Chacune de ces théories s’inspire principalement des théories de commerce et de l’investissement on nous permet de comprendre les raisons sous-jacentes à l’IDE .Nous allons donc exposer dans un premier temps certaines théories à savoir les théories traditionnelles du commerce international et de l’investissement, la théorie des dotations factorielles, la théorie de l’approche éclectique, et la théorie du cycle de vie du produit. Dans un second lieu nous allons présenter leur impact sur le plan macro-économique en s’intéressant particulièrement à la croissance qui est au cœur de notre recherche.
Section 1-Les déterminants Théoriques des IDE
- 1-la vision classique de la relation flux de capitaux :
La théorie de l’échange international a été fondée par deux économistes anglais Adam Smith (1723-1790) et David Ricardo (1772-1823).Leur doctrine s’inscrit en rupture avec la théorie mercantiliste qui voyait dans l’échange international uniquement la possibilité d’obtenir des avantages unilatéraux, dans une sorte de jeu à somme nulle où l’un gagne ce que l’autre perd.
- Les avantages absolus s’opposent aux avantages comparatifs :
Pourquoi un pays peut-il avoir intérêt à l’échange international ?
Question fondamentale dont ces théories tentent à l’expliquée, il convient alors de rappeler l’idée qui a permis David Ricardo de fonder l’analyse de la spécialisation internationale sur l’avantage comparatifs(1815), en dépassant la théorie de l’avantage absolu présentée quarante ans plus tôt par Adam Smith (1776) .Ces auteurs raisonnent tous les deux en terme physique. Smith pensait qu’un pays ne pouvait participer à l’échange que si ses producteurs disposaient de coût plus faible et donc une productivité plus élevée que leurs concurrents : c’est la notion d’avantage absolu qui est ainsi établie ; donc si chaque pays, après ouverture à l’échange, se spécialise dans le produit pour lequel il a un avantage absolu (nouvelle distribution internationale des productions), il en résulte un gain mondial. Alors, les pays qui n’avaient pas d’avantage absolu n’avaient-ils aucune possibilité de participer au commerce international ? Une telle situation est inconcevable : l’ouverture à l’échange conduit à l’impossibilité de l’échange. Alors la réponse théorique fut apportée par Ricardo, qui développa la théorie de l’avantage comparatif/relatif et non absolu, ce dernier n’étant plus qu’un cas particulier du premier. Ricardo a montré qu’il est toujours avantageux pour tous les pays de commercer, à condition qu’ils se spécialisent dans le bien dans lequel ils ont le plus grand avantage absolu ou le plus petit désavantage absolu, c’est-à-dire raisonner en terme du coût d’opportunité(la réduction de la production d’un bien pour pouvoir augmenter celle de l’autre bien).
L’explication des IDE selon ces théories provient du fait qu’un pays ayant des ressources abondantes ou productives ne développera pas seulement l’utilisation industrielle de ses ressources mais attirera également des entreprises étrangeres pour bénéficier de son avantage comparatif.
- Les dotations de facteurs déterminants des échanges : le modèle d’Heckscher et Ohlin :
Deux économistes suédois, Heckscher(1919), puis Ohlin(1933); avec leur théorème HO, ont marqué la théorie du commerce international, 7 ans après Samuelson(1940) est venu pour compléter ce théorème HOS.
Sous l’extension de la théorie ricardienne de l’avantage comparatif, ces trois auteurs ont transposé la théorie des avantages comparatifs à l’abondance relative des facteurs de production. Alors que les théories classiques n’ont pris en compte pour développer leur modèles qu’un seul facteur de production qui est le travail(L), cette théorie prend en considération les deux facteurs de production le capital(K) et le travail(L).
Soit deux pays X et Y, le premier a plus de K que de L relativement au deuxième qui est doté plus en L. Enfin, supposons l’existence de deux biens dont l’un est intensif en L et l’autre en K.
Par un raisonnement semblable des avantages comparatifs sur les coûts, X va se spécialiser dans la production du bien qui nécessite une utilisation plus intensive en K, asymétriquement, Y doit se spécialiser dans la production du bien intensif en L. En fonction de la loi économique simple qui consiste à dire que tout ce qui est rare est cher et que tout ce qui est abondant est bon marché ,donc Y a intérêt à produire le bien intensif en L et importé celui intensif en K .C’est cette différence en dotation factorielle qui est au cœur de l’échange international. Sur la base des idées retenues par Hecksher-Ohlin, et dans un contexte d’ouverture des économies sur l’extérieur tous les travailleurs devraient être rémunérés au même taux du salaire, toutes les unités de terre homogène devraient rapporter la même rente foncière dans tous les pays. Cependant, lorsque les produits circulent de manière imparfaite, les prix des facteurs ne sont pas égalisés et ce sont les facteurs qui ont tendance à se déplacer (sous la forme de flux de capitaux ou de mouvement migratoires).
Cependant ce modèle a fait l’objet de plusieurs critiques, dans la mesure où il ne correspond pas à la réalité. Bien évidemment les échanges ne peut pas s’effectués par la simple dotation en facteurs de production. Cette critique a contribué à l’apparition de la nouvelle théorie du commerce international, développée par E.Helpman et P.Krugman qui ont expliqués les flux observés par la concurrence imparfaite(les barrières à l’entrée des marchés, les rendements d’échelle croissants ou encore les surprofits liés à des positions de monopole),et comme F.Teulon a indiqué « le caractère optimal du libre échange généralisé est remis en cause dès lors que certaines entreprises bénéficient d’avantages qui ne sont pas directement accessibles aux autres(protection du marché intérieur, aides de l’Etat, position de leader sur un marché, avance technologique) »
- 2-Les monétaristes vs les post- keynésiens :
Rappelons, que pour Ricardo et la grande majorité des économistes qui l’ont suivi après, l’existence des avantages comparatifs, annulera l’importance donnée aux avantages absolus d’un pays sur un autre, pour la simple raison mené par le modèle ricardien qui consiste à dire que le pays qui subit les exportations va perdre son or, tandis que le pays exportateur accumule cet or. Et selon la théorie quantitative de la monnaie( qui stipule que la masse monétaire n’a pas d’influence sur la production et l’emploi mais qu’en revanche le niveau général des prix est fonction de la quantité de monnaie mise en circulation), cet afflux d’or entraine un accroissement de la masse monétaire, et par la suite une hausse des prix du pays exportateur; d’autre part, entrainera la baisse des prix du pays importateur .Ce phénomène va se répéter jusqu’à ce que l’avantage absolu se transforme en un seul avantage comparatif, pour que chaque pays puisse arriver à un équilibre concernant sa balance commerciale. En revanche, il apparaît qu’il n’existe plus en effet de mécanismes qui garantissent automatiquement la transformation en avantages comparatifs. Si l’on accepte la théorie de la monnaie endogène, c’est le niveau des prix et de l’activité productrice qui détermine la masse monétaire et non l’inverse. U n surplus commercial n’a aucun effet sur le niveau des prix. Il pourrait donc se perpétuer. Ça n’existe pas de mécanisme autorégulateur. En régime de changes fixes, les avantages absolus ne se transforment pas automatiquement en avantages relatifs, puisque déficits ou surplus extérieurs ne suscitent pas de variations des prix internes.
On pourrait donc argumenter que la discussion s’est poursuivie jusqu’à présent en fonction de taux de change fixes car pour la plupart des monétaristes la flexibilité des taux de change ne peut pas assurer la transformation de l’avantage absolu en un simple avantage comparatif car une baisse du taux de change serait exactement compensée par une hausse des prix internes.
En effet la grande majorité des approches qui ont traités les flux de capitaux dans le cadre d’une perspective monétaire s’inspirent généralement de la théorie quantitative de la monnaie, cette perspective résoudre le problème d’ajustement de la balance de paiement sur la base du taux de change . Ce dernier reflète la relation du pays d’accueil avec le reste du monde. Théoriquement, plus la monnaie locale est faible par rapport à la monnaie étrangère plus les IDE reculent. Caves (1988), Froot et Stein (1991), Blonigen (1995) et Blonigen et Feenstra(1996) trouvent une corrélation significativement négative entre le taux de change et le flux des IDE. Edwards (1990) trouve l’inverse, l’effet du taux de change est significativement positif alors que Tuman et Emmert (1999) observent un effet non significatif. Il s’agit ici d’une variable très importante qui influence l’évolution des investissements étrangers ainsi que les échanges commerciaux réalisés par les IDE. L’impact de cette variable a été traité selon deux volets : la variation bilatérale du taux de change entre les pays et la volatilité du taux de change.
Bien que le monétarisme ait rencontre un certain succès, il a été critiqué par plusieurs école de pensée économique, ainsi les post- keynésiens pensent inversement des monétaristes qu’un taux de change flexibles serait stable et peut-être préférable au cas où la monnaie est exogène. Mais dans les économies modernes monétarisées, l’offre de monnaie n’est pas exogène, en faite elle est endogène. Alors les taux de change flexibles apparaissent comme une source de l’instabilité dans nos économies et les avantages absolus ne sont pas destinés à disparaître automatiquement, En effet, le libre- échange, loin d’éliminer les inégalités entre pays, risque fort de les accroître et c’est le cas pour les PED qui seraient condamnés à s’endetter toujours pour compenser leurs déficits commerciaux même si ces pays réussissent à réaliser l’équilibre de leur compte commercial.
Ainsi, il existe d’autres théories qui expliquent les IDE de différentes perspectives à savoir :
- La théorie de l’approche électique :
John.H.Dunning (1973) est l’un des premiers chercheurs qui ont donné une explication économique au flux des IDE. Cette approche a pour objectif de tirer des réponses aux questions suivantes :
- Comment une firme va-t-elle s’installer à l’étranger ?
- ou la firme va-t-elle s’installer ?
- Pourquoi la firme décide-t-elle d’investir à l’étranger ?
La réponse à ces trois questions est considérée par Dunning comme étant la force déterminante de l’existence des firmes multinationales et donc des flux d’IDE dans le monde tout en se basant sur les grands types d’avantages à la multinationalisation, intitulée ”OLI ” :
-(O=owerships :propriété) : il représente un avantage spécifique à la firme sur son pays d’accueil, il peut s’agir de l’avantage que l’entreprise a sur ses rivales en termes d’actifs tangibles ou intangibles, de technologies avancées ou de marketing qui lui permet d’être plus compétitive et concurrentielle que les autres firmes locales sur son propre marché.
-(L=location : localisation) : qui désigne l’avantage à la localisation à l’étranger en terme d’environnement et du système à savoir (les incitatifs gouvernementaux en matière d’IDE, les barrières commerciales, les coûts de transport, dont va profiter la FMN).
-(I=internalisation : internationalisation) : l’avantage ici résulte dans le fait que la firme doit transférer ses avantages compétitifs sur les marchés étrangers au lieu de les céder sur le marché local, ce qui conduit à l’apparition des flux des IDE.
En effet cette théorie est une compilation de plusieurs courants théoriques à savoir ; la théorie de l’organisation industrielle reposant sur le « paradigme des imperfections de marché » (Nonnembery et Mendoca, Hymer 1976;caves, 1971), la théorie de la propriété industrielle et de l’internationalisation (Buckley 1976), et des théories de localisation et du commerce international.
- Critiques de la théorie éclectique : l’approche synthétique de Mucchielli.
Dunning a été critiqué pour son approche concernant des déterminants de la multinationalisation, incluant l’internalisation qui demeure le propre choix de la firme (K.Kojima (1985), J.L. Mucchielli (1985)). Effectivement, l’auteur a analysé l’avantage à la localisation du point de vue de la firme ce qui exclut la notion d’avantage comparatif des pays. Dunning a négligé l’aspect comparatif qui nécessite au moins l’analyse de deux produits et deux pays.
Ainsi, dans un contexte de concurrence imparfaite et d’oligopole, Muccheilli a essayé de prendre l’approche de la multinationalisation de Dunning et d’intégrer les avantages comparatifs des pays comme axe principal à la délocalisation. Pour l’auteur, les avantages compétitifs ou monopolistiques d’une firme sont de deux sortes : ceux qui permettent la réduction des coûts de production et ceux qui servent à la différenciation des produits. Ces deux avantages sont complémentaires, car les avantages monopolistiques sont le résultat des avantages comparatifs du pays d’origine tel que le développement économique, la qualification du capital humain, le niveau technologique et du savoir-faire, l’environnement général de l’investissement, la taille du marché intérieur. Ainsi, la combinaison des avantages oligopolistiques et des avantages comparatifs reste liée à la concordance ou à la discordance entre la firme et l’environnement d’investissement dans le pays d’origine et le reste du monde c’est-à-dire entre l’offre de facteur de production et la demande étrangère des produits. La firme cherche à réduire le coût de production et à pénétrer dans de nouveaux marchés pour rester compétitive sur le marché national et international. Ces concordances et discordances vont déterminés le choix de la firme entre la continuité de la production dans le pays d’origine ou la délocalisation dans les pays qui proposent des conditions favorables à l’investissement que ce soit au niveau de l’offre ou de la demande.
Il apparaît que Mucchielli analyse les avantages à la délocalisation du point de vue de l’offre et de la demande contrairement à Dunning qui a fondé son analyse sur les avantages comparatifs en ce qui concerne les coûts des facteurs de production. En combinant les avantages compétitifs des firmes avec les avantages comparatifs du pays d’origine, dans une logique d’offre et de demande, Mucchielli montre que l’existence des discordances entre ces deux types d’avantages est la source même de l’émergence des IDE.
- La théorie de cycle de vie du produit :
Raymond Vernon(1966), inspiré des théories du marketing. Il conclu que l’explication des IDE repose sur l’évolution du cycle de vie du produit. Il distingue quatre phases de vie que peut connaitre un produit : L’émergence (phase du cycle n’engendre pas de commerce international), la croissance(les exportations du pays innovateur vers ses partenaires développés apparaissent et se multiplient), la maturité et le déclin (lors de ces dernières phases le flux des échanges s’inverse). Ainsi, selon cette théorie le produit dans sa phase de lancement n’est pas standarisé et il n’est acheté que par des consommateurs à hauts revenus dans un pays développé. Après arrivé à un autre stade de cycle de vie, une certaine croissance et connaissance du marché ainsi que son fabrication sur une vaste échelle entraîne une réduction de son coût unitaire, le produit est exporté vers d’autres pays développés, alors la balance commerciale du pays innovateur devienne de plus en plus excédentaire ; celle des autres pays développés est fortement déficitaire. Lorsque le produit devient standard et mature, les coûts de travail deviennent très importants dans le processus de production, c’est à ce moment la que les firmes délocalisent à la recherche de coûts de production bas, alors les pays innovateur devient importateur et les pays développés imitateurs deviennent exportateurs. Le cycle de vie du produit est ainsi une interprétation dynamique des déterminants des IDE.
Figure : Cycle de vie et balance commerciale pour différents pays
Source: Economic and Social Commission for Asia and the Pacific (1984)
Section 2: L’impact macro-économique de l’IDE
L’analyse de l’impact de l’IDE dans les pays d’accueil suscite une plus grande attention dans la littérature de l’économie de développement. Une large possibilité d’impact économique et non économique peut être étudiée. Ces travaux s’intéressent aux impacts d’ordre macro-économique et plus particulièrement sur la croissance économique et celle de balance de paiement.
- 1-IDE et croissance économique :
L’impact du capital étranger sur la croissance économique des pays d’accueil a été largement discuté dans la littérature de l’économie de développement à travers les modèles de croissance. L’IDE reçu est supposé stimuler la croissance de l’économie du pays hôte, dans un premier temps d’une façon direct à travers sa contribution à la valeur ajoutée par les gains de productivité que génèrent les transferts de technologie. Ainsi dans un second lieu, à travers les reports de technologie ou de connaissance (spillovers) qu’ils entrainent via les relations d’approvisionnement et de fourniture avec les firmes locales, la formation de la main d’œuvre.
Macdougall [1960] est considéré comme le premier auteur qui a proposé un modèle théorique qui a débouché sur une conclusion indiquant un impact positif des IDE sur le pays hôte : croissance de la production et du revenu national, amélioration de l’allocation des ressources, spillovers technologiques, augmentation de la taille du marché national. Ainsi dans le cadre des théories de la « croissance endogène » l’IDE est considéré comme un vecteur potentiellement puissant de transfert des connaissances et des technologies dans les pays en développement, ainsi, sur la base de plusieurs études entrant dans ce cadre, l’IDE peut contribuer de manière significative à ces trois composantes de la croissance à savoir : la hausse d’apports (travail, capital), augmentation de la productivité totale et autres améliorations de la performance dans l’exploitation des ressources. En effet, les impacts les plus directs et significatifs sont observés dans l’accumulation de capitaux et la croissance de la productivité totale des pays bénéficiaires. Mais, il faut prendre en compte que le véritable impact de l’IDE sur la croissance de l’économie nationale dépend de la diffusion des meilleurs pratiques dans l’ensemble de l’économie locale, dans ce sens, les spillovers Technologiques faisaient partie des effets indirects potentiellement positifs des IDE. En effet cette vision s’inscrit parfaitement dans le cadre des analyses qui montrent que l’IDE joue un rôle catalyseur de la croissance et du développement. Ainsi, comment comparer les pays, dont le taux de croissance est positif avec une faible présence d’IDE, d’autres, où l’importance des IDE va de pair avec une croissance négative, et ceux où les IDE vont de pair avec la croissance ?l’impact des interactions qui se développeront (ou non) avec les variables suivantes, choisies en raison de leur importance dans le cas des pays en développement : le développent humain, l’investissement national, la politique commerciale et la réduction de la pauvreté.
Dans les travaux théoriques, nous distinguons trois principales perspectives Traitant la relation entre croissance économique et IDE :
— Celle qui suggère l’existence d’un effet positif (exple : The benign model T.H.Moran)
— Celle qui suggère l’existence d’un effet négatif (exple : « The maling model » T.H.Moran)
— Une dernière qui se base sur le principe de la ”dépendance de l’effet, selon lequel l’IDE ne dispose pas d’un effet positif indépendant sur la croissance économique (Elwassal ; 2012). Mais la perspective dominante est celle qui considère que les IDE ont un effet positif sur les spillovers.
Le graphique suivant montre notamment la diversité des situations possibles.
Graphe 3: IDE et taux de croissance des pays hôtes
Source: d’après les statistiques de la CNUCED (UNCTAD ,2003 ; annexes A.I.7 et tableau B.5).FBCF : formation brute de capital fixe ; PNB : produit national brut.
- 2-Retombées indirectes sur la BP des pays en développement:
Lorsque les IDE entrent en activité, ces derniers génèrent des flux de productions, d’exportations et de revenus dont l’impact sur les paiements extérieurs dépend des politiques économiques des pays d’accueil. Dans la mesure où les IDE sont tournés vers les marchés extérieurs, ils concourent à une augmentation notable des recettes en devises par le biais de l’exportation des biens et services issus des filiales étrangères. Mais, le bilan en devises d’un IDE ne peut s’arrêter à la prise en compte des devises générées par de nouvelles exportations. On doit tenir compte aussi des importations de biens d’équipements, de biens intermédiaires et des paiements de services qui en transfert des profits, même si la plupart des pays en développement se protègent contre les sorties abusives de profits rapatriés en négociant bilatéralement, ou en stipulant dans des codes d’investissement certaines limitations à la procédure de transfert de la rémunération des capitaux étrangers. Ainsi, il s’avère que les phénomènes de rapatriement des profits utilisent d’autres canaux, notamment par les surfacturations entre filiales et maisons-mères. Ces phénomènes peuvent atteindre des proportions importantes et restent très difficiles à évaluer faute d’informations et de prix de référence. Il est certain que les pays d’accueil s’inquiètent des effets de l’IDE sur la BP partant du fait qu’une fois l’investissement est réalisé, celui-ci génère une entrée massive de capitaux. Les profits qu’engendre l’investissement constitueront probablement des sorties importantes de devises. Toujours est-il que l’intérêt des IDE pour améliorer les ressources en devises dépend des modalités de financements extérieurs.
Conclusion de la partie 1
Dans ce chapitre l’IDE a été défini comme étant un investissement par lequel un investisseur résidant dans un pays obtient un intérêt durable ou une influence significative dans la gestion d’une entité résidante dans un autre pays. Dans un premier lieu il apparaît difficile de définir une analyse théorique unique sur les déterminants des IDE puisque le choix de délocalisation dépend de la présence d’avantages comparatifs dans les territoires d’accueil, qui se définissent selon la stratégie adoptée par les firmes multinationales. Ainsi, pour une stratégie horizontale, l’importance de la taille du marché devient le déterminant principal des IDE, l’explication de l’émergence des IDE se diffère entre les courants de la pensée économiques à savoir les classiques, néo-classique, monétaristes et post- keynésiens. Chacun entre eux a fondé son analyse selon ses propres critères (par exemple les classiques et les néo-classique ont raisonnés en terme de facteur de production), mais l’objectif de leur études était le même, dans un deuxième temps, plusieurs théories ont essayées d’étudier l’impact des IDE sur la croissance économiques et sur la balance de paiement, en présentant une multitude de situations possibles.
Alors, d’après toutes ses fortes opinions qu’ayant fait l’objet de notre étude, elles nous ont servi de conclure que l’attractivité des IDE se présente comme la solution «miracle »pour les pays en développement qui visent à accélérer la procédure du rattrapage technologique et celle d’acquisition du savoir-faire.
Partie 2 : IDE dans les pays en développement « cas du Maroc »
Introduction à la partie 2
Accroître la transparence, améliorer la gouvernance, combattre la corruption, aller vers une fiscalité plus équitable et tirer profit des technologies. Ce sont là parmi les recommandations qu’on peut lire dans la déclaration de Marrakech « L’appel à l’action » publiée à l’issue de la conférence co-organisée par le FMI, le Fonds monétaire arabe (FMA) et le Fonds arabe pour le développement économique, social (FADES) et adressées au pays de la région MENA , des recommandations qui ont pour objectif principal l’amélioration de développement de cette région. Alors, dans ce cadre, et sur la base des données statistiques, on procède à faire une description approfondie de l’évolution des investissements directs étrangers dans les pays de cette région, en présentons donc les efforts menés par les Etats de chaque pays étudiés.
Comme étant la valeur ajoutée spécifiant notre travail, On se base sur la spécificité du modèle de base et les techniques utilisées pour construire et estimer un modèle économétrique qui représente la relation entre les IDE et la croissance économique marocaine, en ajoutons d’autres variables pouvant expliquées cette dernière.
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Chapitre 1 : Faits stylisés
Section1 : Analyse des flux d’IDE (cas du Maroc)
Analyser la composition et le volume des passifs et des actifs d’un pays peut donner une idée de la vulnérabilité de cette économie aux crises. En procurant des informations concordantes sur la composition et la taille des actifs et des passifs par catégorie fonctionnelle d’investissements par exemple: investissements directs, investissements de portefeuille, dérivés financier.
- 1- La ventilation des flux financiers étrangers par nature d’opérations :
Dans un premier lieu, il apparaît nécessaire de savoir qu’est ce que la balance des paiements et quelles sont ses composantes. Ainsi comme elle a été définie dans la première partie de notre étude, la balance des paiements est composée par 3 composantes à savoir :
- Le compte des transactions courantes qui a pour mission de retracer les flux de biens, de services, de revenu primaire et secondaire entre résident et non résident.
- Le compte de capital qui recense les opérations d’achat et de vente d’actifs non financiers par exemple : les brevets ainsi que les transferts de capital.
- Le compte financier /balance financière qui décrit le mode de financement des prêts ou emprunts nets aux non-résidents. Ce compte distingue 5 catégories fonctionnelles d’investissement (les investissements direct étrangers ; l’investissement de portefeuille ; dérivés financiers ; l’autre investissement ainsi que les avoirs et les réserves).
Selon le manuel de la balance des paiements et de la position extérieure globale, la somme des soldes des comptes des transactions courantes et de capital représente la capacité ou le besoin de financement de l’économie à l’égard du reste du monde. Théoriquement, elle s’égalise avec le solde net du compte financier.
Dans un second lieu, et sur les bases des données statistiques amenées par le MBP6 pour le cas du Maroc, nous exposerons l’évolution des différentes catégories fonctionnelles d’investissement pendant une courte période.
Ainsi, pendant les trois premières années, le solde des avoirs de réserve a remplit son rôle majeur, de faire face aux besoins de financement de la balance de paiements, et de permettre l’intervention sur le marché pour influer sur le taux de change, car il a permis d’absorbé une part qui assez élevée surtout en 2015,en compensant la somme des soldes négatifs des autres catégories fonctionnelles d’investissement, ce rôle a été mis en veille pour les deux années qui suit (2017-2018), en revanche, l’investissement en portefeuille a connaît un solde positif à partir de 2016, en touchant son maximum en 2018.
Graphe 4 : L’évolution des différents types d’investissement au Maroc.
Source : réalisé par nos soins sur la base des données du manuel de la balance des paiements(MBP6).
Depuis 1990, l’Office des Changes a commencé à différencier les flux de capitaux étrangers selon trois catégories à savoir : les investissements directs étrangers, l’investissement de portefeuille et les prêts privés, suivant les recommandations du FMI dans sa cinquième édition datée en 1993.
Il apparaît, que la structure des flux des investissements étrangers au Maroc pendant cette période a été caractérisée par la forte domination des investissements directs étrangers du total d’entrée des capitaux étrangers.
Les flux d’investissement de portefeuille (notons IP), ont marquées une évolution durant cette période, parallèlement avec les différentes mesures adoptés par le Maroc concernant la libéralisation et la modernisation du marché boursier. Même si sa part a augmenté, mais elle reste malgré tous faible, surtout pendant les années des grandes opérations de privatisation [1997].
Ainsi, les prêts privés étrangers sont faibles dans le total des investissements étrangers durant toute la période étudiée. Cependant, en 2000, l’exception a été faite, ce type d’investissement a représenté plus que 50% des flux de capitaux étrangers. Cette importante contribution s’explique à 93% par les prêts qui ont été accordés en faveur du secteur des télécommunications par la Société Financière Internationale à hauteur de 64% et 36% provenant du Pays Bas.
Graphe 5 : Évolution des flux des investissements étrangers au Maroc selon la nature des opérations (1990-2010).
Source : Office des changes.
Parmi les opérations de privatisations les plus remarquables qui ont été faites au Maroc sont :
- 1997 : La privatisation sur appel d’offres de la SAMIR et la SCP, deux sociétés marocaines opérant dans le raffinage du pétrole à hauteur de 60,99% et 66,33% respectivement des parts de participation au profit du Groupe saoudien Corral Petroleum, soit environ 3157,5 millions de dirham pour la Samir et 425,7 pour la SCP.
- 2001 : la privatisation du premier opérateur de télécommunications dans le pays, Maroc
Telecom, et ce dans le cadre de la politique du retrait de l’Etat des secteurs porteurs de l’économie en faveur du secteur privé et dans le but de promouvoir l’investissement par l’installation d’un environnement concurrentiel entre les sociétés. La privatisation de Maroc Telecom s’est concrétisée suite à un appel d’offres emporté par son homologue français Vivendi Universal. L’opération à contribué à hauteur de 70,2% des flux d’investissement étranger enregistrés en 2001, soit 23,3 milliards de dirham pour la cession de 35% de l’opérateur de Télécom.
- 2003 : la privatisation de la Régie de Tabacs avec des recettes qui ont atteint 14 milliard de dirham soit approximativement 59% des flux d’investissement étrangers destinés au Maroc cette année. L’établissement qui a été jusqu’à 2003 une société publique a cédé 80% des ses titres au bénéfice du Groupe franco-espagnol Altadis qui a acquis par la suite les 20% du reste des parts de la société en 2006.
- 2004 : Cette année n’a pas signalé d’opérations de privatisation de grande ampleur même si elles ont contribué à 56,7% des investissements étrangers effectués (8,9 milliards de dirham). Il s’agit de la cession de 14,9% des parts de participation de Maroc Telecom sur le marché boursier. L’immobilier, le tourisme, l’industrie, et le secteur bancaire ont bénéficié cette année de l’apport des fonds arabes notamment des Emirats Arabes Unis et du Bahreïn d’environ 7 milliards de dirham.
- 2005 : Les flux de capitaux étrangers destinés aux opérations de privatisation représentent 48,7% du total des flux étrangers pour cette année. Ils concernent à 90% l’attribution directe de 16% des titres de participation de Maroc Telecom au profit de l’opérateur français Vivendi Universal (12,4 milliards de dirham).
- 2-Évolution des flux d’IDE au le Maroc
- Par instrument
Les opérations de « prêts interentreprises » occupent une place très importante dans les flux d’IDE reçus par le Maroc, en 2015 et en 2016, contre une faible entrée enregistrée en 2013 ainsi d’une valeur négative constatée en trois années, touchant son maximum en 2009. À titre de comparaison, des opérations de prêts interentreprises négatives ont été enregistrées en 2016 dans la zone OCDE, et durant les trois années de la période 2014-2016 au sein de l’UE. Les opérations de prêts interentreprises ont eu un impact encore plus large en 2015 dans la région MENA.
Les opérations de nature « participations » prédominent pendant toutes les années étudiés, en occupent plus de 50% du total des flux entrants, alors que les opérations de type « réinvestissement de bénéfices » représente une faible part du total des flux entrants surtout pour les deux premières années.
Graphe 6 : Flux d’IDE au Maroc ventilés par instrument, 2005-2016, millions USDSource : base de données des statistiques de la balance des paiements du FMI (voir le tableau 4 en annexe 1 pour les chiffres détaillés).
- Par secteur d’activité
La structure sectorielle des IDE au Maroc a connu un grand changement au cours de la période 2007-2018, indique un rapport économique et financier accompagnant le projet de loi de Finances pour l’année 2017.
Le premier constat est que l’immobilier se taille la part du lion dans la structure sectorielle des IDE, ainsi qu’une autre bonne partie des investissements se dirige vers les activités de service. L’immobilier vient en tête avec la plus grande part des recettes enregistrées en 2015, ainsi que le holding, et les grands travaux qui ont réalisés leurs grandes parts lors de ces décennies. En y ajoutons les investissements relatifs aux télécommunications avec une grande part réalisée en 2010. Une recette concernant le tourisme a été établie pour 12.421,7 (en millions de dirhams) en 2007, après a glissée d’une manière décroissante jusqu’elle atteint 736,6 millions de Dhs en 2017, cette baisse est remarquée après la crise de 2008, cette dernière a impactée du premier rang le secteur bancaire ainsi que le secteur d’énergie et des mines avec une baisse évaluée à 1.413,4 millions de dhs directement après la crise.
Pour l’industrie, nous constatons une tendance à l’augmentation de sa part, cette part est passé en effet de 2.724,9 million de Dhs enregistrée en 2009 à 4.772,1 millions de Dhs en 2011 puis à 15.335 et 9.893 millions de Dhs , respectivement en 2013 et en 2014, avant d’enregistrer une baisse au cours de l’année 2015.Si on examine de très près la structure de l’investissement industriel par sous secteur d’activité, on peut dire qu’une bonne partie des investissements concerne des industries à faible technologie (les industries agroalimentaires, les textiles et cuir, le travail du bois, la fabrication de produits minéraux non métalliques, la fabrication de meubles et industries diverses).
Au niveau de l’agriculture, le Plan Maroc Vert a permet une nouvelle dynamique au secteur agricole national visant à remplir son rôle vital de moteur du développement économique, social et territorial en renforçant sa productivité et sa résilience aux aléas climatiques via plusieurs chantiers structurants. En termes de réalisations, les investissements dans ce secteur ont été passés de 27 millions de dhs en 2008 à près de 337,8 millions de dhs en 2015.
Selon le rapport économique et financier mené par la direction des Etudes et des Prévisions Financières, le secteur de la pêche est marqué par la poursuite de la mise en œuvre des actions inscrites dans le cadre de son Plan de développement « Halieutis », initié depuis 2009. A cet égard, l’état d’avancement du Plan permet de constater la réalisation de 93% des objectifs de gestion et de durabilité. Afin de structurer l’activité des pêches et offrir au secteur des sites de débarquement modernes, le Maroc a aménagé 22 ports de pêche répartis le long de son littoral et 40 points d’accueil des débarquements de la pêche artisanale (dont 18 villages de pêcheurs et 22 points de débarquement aménagés). Pour leur part, les réalisations relatives aux infrastructures de commercialisation ont porté, en particulier, sur la mise en place de 22 halles aux poissons, huit comptoirs d’agréage du poisson industriel (CAPI) et cinq marchés de gros.
Graphe 7 : Recettes des IDE au Maroc, répartition par certains secteurs d’activité.
Source : réalisé par nos soins sur la base des données de l’office des changes.
- Par provenance et par région
L’Europe, domine en termes de part des flux d’investissement étrangers au Maroc, ainsi la France occupe la plus grande de cette part, suivi de l’Espagne. Cette place est due aux liens historiques de colonisation entre ces deux pays et le Maroc en y ajoutons le partage linguistique et historique, qui contribue à donné plus d’avantages aux flux d’IDE, et ne plus l’accompagnement de la France dans les grandes stratégies faites au Maroc tel que le plan du Maroc vert et autres…
D’une autre part, les Etats unies restent un partenaire stratégique pour le Maroc malgré l’existence des contraintes liées aux distances géographiques et socio-historiques, surtout après la signature d’accord du libre échange bilatéral en avril 2004.Alors les investissements en provenance des pays arabes, notamment les pays de Golfe ont marqués une augmentation d’investissement surtout dans les secteurs de l’immobilier et ceux du tourisme. Pour les flux d’investissements étrangers en provenance du reste du monde, ils sont peu représentatifs et dotés d’une faible part. La volatilité de ces flux s’explique par l’aspect périodique relatif à l’exploitation d’un ou de plusieurs avantages factoriels au Maroc.
Graphe 8 : Provenance des flux des investissements étrangers au Maroc (1994-2010)
Source : Rapports de la balance des paiements annuelle établie par l’office des changes.
Section 2 : Analyse benchmarking des flux d’IDE
- 1- Évolution des flux des IDE dans les pays de la zone MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) :
Ainsi pour avoir une vision plus large, il paraît nécessaire de représenter l’évolution des IDE dans plusieurs pays en expliquant les tendances à la hausse et les autres relèvent à la baisse, et celles qui sont d’ordre mondiale, c’est-à-dire qu’il ya lieu une dégradation du niveau des flux d’investissement entre 2009 et 2013, cette dégradation est causée par la crise boursière mondiale. Ainsi les pays concernés sont :
- Le Maroc
- La Tunisie
- L’Algérie
- L’Egypte
- Jordanie
Le Maroc est considéré comme une des premières destinations en Afrique et dans la zone MENA. Durant les années 2000, il a bénéficié de l’essor remarquable de ces flux au niveau mondial, et ce grâce à des réformes d’ordre législatif, d’ordre institutionnel et d’ordre fiscal ainsi que le renforcement des infrastructures physiques et financières de base. La crise financière mondiale n’a pas manqué d’inverser cette tendance, entraînant de fortes régressions des IDE en 2008, alors qu’il a repris son évolution à partir de 2011 à cause des bienfaits de la politique de la relance du programme des privatisations qui a été fait en 2009.Selon le rapport de la CNUCED, le Maroc a été classé le deuxième en Afrique du Nord en réalisant une augmentation très importante des entrées d’IDE enregistrées en 2014, derrière l’Egypte qui a réalisé une augmentation de plus que 10% grâce à des investissements dans des projets pétroliers et de construction.
La stabilité politique et sociale, les performances économiques, ainsi que les nombreuses réformes accomplies pour améliorer l’environnement des affaires ont fait de la Tunisie un important pôle d’attractivité des IDE. Depuis plusieurs, les IDE enregistrent une évolution très importante, parmi lesquelles le pic observé en 2006 et en 2008 qui est le fruit d’une bonne gouvernance continue ainsi que l’amélioration du cadre de la loi d’incitation à l’initiative économique (loi de fiance pour 2008) en vue d’améliorer le climat d’investissement. Aussi, depuis le 01/01/2008, la première zone de libre-échange entre la Tunisie et l’union européenne est entrée en vigueur. La Tunisie a supportée l’influence de deux crises différentes et successives, celle des subprimes datée en 2008, et l’autre qui est une crise politique qui a été déclenché à cause des troubles sociales ce qui explique la baisse des IDE pendant ces années.
Riche en ressources naturelles et stable économiquement parlant, l’Algérie a attiré un flux d’IDE décent entre 2006 et 2011.Mais comparativement au autre pays de la région MENA, la somme des IDE sont très faibles. Selon les statistiques aussi que les analyses qui ont été faites par des organismes comme la CNUCED et l’OCDE, le recul des IDE en Algérie est dû aux nouvelles mesures élaborées par le gouvernement Algérien, de ce fait, l’Etat algérien a imposé aux investisseurs étrangers un plafond de 49% de participation dans tout nouvel investissement, ce qui constitue un obstacle pour les firmes étrangères qui souhaitent investir en Algérie. Une mesure entrée en vigueur à la fin de 2009 ; d’ailleurs c’est à partir de cette année que les IDE ont commencés à chuter jusqu’à arriver en 2015 où le chiffre était carrément négatif (il s’agit d’un désinvestissement). Généralement, l’Algérie souffre encore de la dépendance entre ses flux d’IDE et du marché du gaz et du pétrole ainsi que Les mesures protectionnistes prises par le gouvernement algérien, la corruption, la bureaucratie, un secteur financier faible et l’insécurité légale en termes de propriété intellectuelle sont de sérieux obstacles à l’investissement.
La croissance dynamique de l’économie égyptienne, sa position géographique stratégique, son faible coût de main d’œuvre, sa main d’œuvre qualifiée, son potentiel touristique unique, ses réserves d’énergie non-négligeables, son grand marché local et le succès des réformes de sa structure économique et sociale entreprises par les autorités [entamée du vivant Gamal Abd el Nasser, après la défaite de la guerre des six jours, celles menée par Anouar el Sadate(politique dite d’infitah, d’ouverture économique),et les réformes faites par Hosni Moubarak], ces politiques faisons passer la majorité de l’économie du secteur public au secteur privé, cette privatisation représente l’une des conditions d’un bon climat d’investissement. En y ajoutons que l’Egypte a indiquée sa bonne santé financière avec un taux de croissance de 7% annuel jusqu’en 2008 ce qui explique la chute des IDE après la crise financière, avec un désinvestissement daté en 2011.Également, l’Egypte souffre d’une crise car son secteur star « tourisme », est extrêmement volatile, faces aux menaces terroristes.
Après une décennie 2000 caractérisée par d’important flux d’IDE entrants, grâce aux différentes politiques tel que les programmes des privatisations ainsi que l’adaptation du principe d’égalité de traitement entre investisseurs jordaniens et étrangers , et permet par la suppression du contrôle des changes, le libre transfert des capitaux et des profits ainsi que les exonérations douanières et fiscales qui peuvent aller dans certains cas jusqu’à 100% , la crise a ralenti ces flux et le « printemps arabe » en a compris la reprise. Ainsi la tendance de la Jordanie en termes de flux d’IDE, représente une baisse entre 2008 et 2011 qui ont stabilisés en 2012. En 2013, les flux entrants d’IDE ont connus une petite augmentation passant de 5% en 2012 du PIB à 5,8% en 2013, cette tendance est le fruit des créations d’entreprises dans le secteur industriel. Les tendances à la hausse et à la baisse trouvent leurs explications dans l’instabilité géographique de certains pays de Moyen-Orient, ainsi les pays du Golfe représentent le premier investisseur dans le pays avec plus que 50% du stock d’IDE en 2009, les Etats unies avec 8% du total du stock, et une part équivalente pour l’Irak et la France de 7%.
Graphe 9 : L’évolution des IDE (en % du PIB) dans certains pays de la région MENA.
Source : réalisé par nos soins sur la base de données des statistiques de la balance des paiements du FMI (IDI) ; base de données des perspectives de l’économie mondiale du FMI (PIB)
Concernant le climat des affaires favorables et selon, les résultats du « Doing Business » entre 2010 et 2015, publié chaque année par la banque mondiale, un rapport qui se focalise principalement sur le climat d’affaire et l’activité commerciale de 183 pays du monde, procède au analyse du taux de chômage, de corruption et des réformes adoptées pour favoriser le climat d’investissement et par conséquence attirer le plus possible d’investissements étrangers. Le Maroc est considéré comme l’un des champions en la matière dans la zone MENA, ainsi comme une passerelle vers le continent. En effet, ce climat favorable contribue a attirer les grandes entreprises multinationales vers le Maroc( 36 grandes entreprises françaises du CAC40,par exemple le géant espagnol des télécommunications Telefonica, la multinationale suisse Nestlé, le géant canadien Bombardien, HP des Etas-Unis, l’entreprise japonaise YAZAKI, l’entreprise de grande distribution turque BIM …).
- 2-Évolution des flux d’IDE et stabilité politique dans la région MENA :
Du point de vue des investisseurs, les risques politiques (par exemple : les perturbations que les investisseurs craignent le plus sont les changements de réglementation défavorables et les ruptures de contrat) viennent après l’instabilité macroéconomique, le facteur qui freine souvent les investissements dans les pays en développement. Alors, on souligne que la qualité des institutions améliore la perspective de tisser de nouvelles relations bilatérales avec des investisseurs étrangers, à titre d’exemple, ce sont les producteurs de pétrole qui appartiens à la région MENA, qui seraient les plus grands bénéficiaires s’ils réformaient leurs institutions.
À partir du (graphe 9),le Maroc, la Tunisie, le Yémen et la Turquie, ont attirés une part très importante des IDE accompagnée d’une stabilité politique indiquant la moindre gravité des troubles, contrairement à l’Egypte, la Syrie, la Libye, l’Algérie et la Jordanie qui ont réalisées des pertes en termes d’afflux d’IDE ainsi que pour leurs stabilité politique ,La Jordanie est dans une situation critique en 2012, à cause de son adoption à un régime de change rigide de change arrimé au Dollar.
Graphe 10: Évolution des flux d’IDE entrants par pays de destination dans la région MENA vs évolution de la stabilité politique (%,2004-2012)
Source : données CNUCED et Banque mondiale, indicateurs de gouvernance, compilées en mars 2014. La taille des cercles indique la part du pays dans les flux entrants d’IDE.
Chapitre 2 : Modélisation du comportement des IDE au Maroc
Avant de commenter les résultats de notre estimation, nous commençons d’abord par présenter la méthode économétrique utilisée pour étudier la relation entre les IDE et croissance économique .Alors ce dernier chapitre représente le cadre empirique de cette thèse, qui va nous permettre d’analyser les différentes hypothèses de notre problématique.
La stratégie suivie dans ce chapitre est divisée en sous-stratégies, la première est consacrée à la collecte et au traitement des données, ainsi que la deuxième se base sur la spécificité de notre modèle. Enfin les résultats obtenus vont être analysés.
Section 1 : Présentation du modèle
- 1- Spécification et modèle MCO :
Afin d’établir les principaux déterminants des investissements directs et d’évaluer leurs impacts sur la croissance économique marocaine. On procède la construction d’un modèle de croissance économique inspiré des différents travaux effectués par : BORENSZTEIN, DE GREGORIO et LEE, 1998; et ALAYA, 2004. Ainsi BORENSZTEIN représente l’ensemble des variables fréquemment utilisées dans les travaux empiriques et susceptibles d’être parmi les déterminants dans la croissance du pays étudié. On suppose donc que le niveau de productivité du pays dépend des quatre acteurs suivants : l’investissement domestique, les investissements directs étrangers, le commerce extérieur et le transfert technologique. En effet, l’objectif principal du modèle est d’étudier le rôle dynamique des IDE dans la croissance économique du pays via ces effets et ces apports.
Alors, ce modèle est fondé sur l’hypothèse de la théorie de croissance endogène qui se focalise sur l’idée suivante « les IDE contribuent à la croissance économique directement à travers le transfert technologique, le capital humain et indirectement à travers l’infrastructure, les institutions et les dépenses publiques ».
On se basant sur les principes de la croissance endogène, l’équation suivante expose les variables explicatives de la croissance économique au Maroc.
Cr = f (Cr (-2) + Export+IDE (-3) +FBCF
Avec :
Cr : taux de croissance du PIB.
Cr (-2): taux de croissance retardé.
Export : taux de croissance des exportations.
IDE (-3) : IDE retardé.
FBCF : formation brute en capital fixe.
Pour ce modèle, la série est régressée avec un estimateur MCO (Moindre Carré Ordinaire) contre le temps et le résidu. Le MCO est le nom technique de la régression mathématique en statistiques, et plus particulièrement de la régression linéaire.
- 2- Choix des variables et sources :
Dans le cadre de traitement des variables, on considère l’intérêt des tests de racine unitaire et les graphiques selon trois perspectives: descriptives, explicatives et analytiques, une multitude des variables seront traitées selon la méthodologie adoptée. On aura donc des variables endogènes et d’autres exogènes.
En vue d’avoir une bonne estimation du modèle, on a procéder à la détermination du nombre de retards optimal pour certaines variables telle que l’IDE (3 ans de retards), ainsi que pour la croissance économique marocaine qui est caractérisée par le phénomène d’inertie c’est-à-dire qu’elle puisse conservée sa tendance pendant une certaine période (2 ans).
Les variables utilisés sont :
- la croissance économique :
La série couvre la période 1980-2016. Il s’agit de la variation relative du PIB réel du Maroc. La source de cette série provient de la base des données de « la banque mondiale ».Il s’agira pour nous d’analyser le profil de croissance économique pendant cette période.
A partir du graphique, nous constatons que la croissance économique au Maroc est très fluctuante .Ceci apparaît clairement à travers l’évolution en dents de scie de la croissance du PIB, marquant qu’au début des années 1980 les principaux indicateurs économiques ont témoigné d’une grave détérioration de la situation économique de pays. Faire face à cette situation difficile le Maroc a mis en place un programme d’ajustement structurel (PAS) sous l’égide du FMI et de la banque mondiale, pour objectif de rétablir des déséquilibres macro-économiques .L’ensemble des réformes structurelles qui ont été lancées, ont touché l’ensemble des aspects de l’économie, le commerce extérieur, la fiscalité, les investissements étrangers, la privatisation, etc.
Entre 1983 et 1993, l’économie marocaine traverse une crise structurelle suite à la mise en œuvre des programmes d’ajustement .Après 1993 et allant jusqu’à 2004, la croissance économique est caractérisée par une progression significative, due aux efforts menés par les autorités publiques marocaines dans le cadre d’une deuxième génération des réformes en coopération avec les institutions internationales dans le but de renforcer le tissu productif.
Ainsi, depuis 2005 jusqu’à 2016, le Maroc a pu relever le rythme de croissance à un palier supérieur et a enregistré une solide performance économique. Cependant même pendant la crise mondiale en 2008, la croissance au Maroc a été bonne.
En tant que variable endogène, la croissance économique, est caractérisée par une certaine inertie, c’est-à-dire que son passé influence son évolution future, c’est comme si le phénomène a un effet de mémoire, ce qui nous ramène à introduire sa variable instrumentale retardée comme étant une variable exogène permettra par la suite d’expliquer la croissance économique en elle-même.
Le graphe suivant représente l’évolution du taux de croissance retardé de 2ans.
Graphe 11: Évolution du taux de croissance retardé.
- IDE (-3) :
Selon cette visualisation des observations, on remarque que les IDE étaient plus ou moins stable au début des années 80 avec un minimum de 0,117183, dues essentiellement avoir une sécuritaire de la politique du pays. A partir de l’année 2000, les IDE ont connues une certaine augmentation, touchant un maximum de 4,442.Une augmentation qui est expliquée par les efforts du pays pour attirer les investisseurs étrangers.
Graphe 12 : Évolution des IDE retardée de 3 ans au Maroc.
- Export :
Sur la base d’une série de 34 observations, on remarque que le taux de croissance des exportations été faible pendant les premières années concernées, ainsi, il existe depuis 1969, et surtout 1976, des accords entre l’Europe et l’ensemble des pays tiers méditerranéens, et des accords bilatéraux entre l’Europe et le Maroc. Alors, le Maroc ne récolte le fruit de ces accords qu’après quelques années. Généralement, le taux de croissance des exportations au Maroc augmente en moyenne de 0,10266 pendant cette période.
Graphe 13: Évolution du taux de croissance des exportations au Maroc.
- FBCF :
« La formation brute de capital fixe (FBCF) est constituée par les acquisitions moins les cessions d’actifs fixes réalisées par les producteurs résidents au cours de la période de référence augmentées de certaines plus values sur actifs non produits découlant de l’activité de production des unités productives ou institutionnelles »
D’après le graphe suivant, il apparaît que la FBCF a enregistré le rythme d’accroissement le plus élevé durant la période 2000-2014, due à l’accroissement de la FBCF en produit de service, il est important de signaler, que la part des travaux publics dans la FBCF a chuté entre 1980-2000(Ministre de l’Economie et des Finances,2001) ce qui explique d’une part la baisse constaté durant cette période.
Graphe 14: Évolution du FBCF au Maroc
Section 2 : Estimation du modèle
- 1-Résultats d’estimation:
Après avoir déterminé le nombre de retards optimal, ainsi que la justification de notre choix du modèle, nous pouvons alors estimer le modèle à l’aide du logiciel donne les résultats suivants :
Dependent Variable: CROISSANCE | |||||
Method: Least Squares | |||||
Date: 05/14/19 Time: 11:28 | |||||
Sample (adjusted): 5 34 | |||||
Included observations: 30 after adjustments | |||||
Variable | Coefficient | Std. Error | t-Statistic | Prob. | |
CROISSANCE(-2) | 0.501895 | 0.156579 | 3.205385 | 0.0036 | |
EXPORT | 0.071154 | 0.021986 | 3.236320 | 0.0033 | |
IDE2(-3) | 0.000622 | 0.000341 | 1.825325 | 0.0795 | |
FBCF | 0.056989 | 0.035105 | 1.623411 | 0.1166 | |
R-squared | 0.398968 | Mean dependent var | 0.044160 | ||
Adjusted R-squared | 0.329619 | S.D. dependent var | 0.040588 | ||
S.E. of regression | 0.033232 | Akaike info criterion | -3.847045 | ||
Sum squared resid | 0.028713 | Schwarz criterion | -3.660219 | ||
Log likelihood | 61.70567 | Hannan-Quinn criter. | -3.787278 | ||
Durbin-Watson stat | 2.858094 | ||||
- 2- Interprétations :
Les résultats de l’estimation de notre équation sont exposés dans le tableau ci dessus.
-Conformément à notre analyse concernant la croissance économique, il apparaît que cette dernière a un effet sur elle-même avec une probabilité de 0,0036 < 5%(seuil de signification).
-Un coefficient de 0,071154 pour le taux de croissance des exportations, indique son impact positif sur la croissance économique du pays.
– La FBCF n’est pas totalement significatif, une telle probabilité de 0,1166> 5%.
-Concernant les IDE retardés, il semble que leurs impact est peu significatif avec un coefficient très faible de 0,000622.Ce qui souligne l’importance des efforts des autorités marocaines pour améliorer le climat d’investissement pour accroitre la part des IDE et donc contribuée à l’augmentation la croissance économique.
Notons tout d’abord que ce résultat confirme les conclusions de quelques études économétriques qui ont été menées sur le sujet. Parmi ces études, celle menée par Giovannetti et Ricchiuti qui ont considérés que théoriquement, l’IDE a un impact positif sur la croissance, Cependant n’a pas été toujours confirmé par les résultats empiriques. Pour les pays méditerranéen il n’ya pas une évidence empirique pour soutenir l’hypothèse de l’effet positif de l’IDE sur la croissance. Ce constat s’explique d’un coté par la faiblesse de la part de ces pays en IDE, son impact négatif sur l’investissement domestique, ce qui limiterait d’autre coté sa contribution à la croissance économique.
Conclusion de la partie 2
Les pays MENA disposent principalement de certains avantages permettant d’attirer des investisseurs étrangers par exemple le dispositif de barrières douanières peut attirer des investissements de contournement, ainsi les FMN s’implantant dans le pays pour vendre sur le marché intérieur en considérant que ce dernier est plus avantageux que d’exporter à travers leurs pays d’origine. Ainsi, un benchmark du niveau des flux d’IDE au Maroc avec d’autres pays confirme malheureusement que le diagnostic est défavorable pour les pays de la région MENA. Malgré la mise en œuvre de réformes et les initiatives d’intégration régionale, ils restent peu attractifs aux entrées d’investissements directs à cause de l’instabilité politique que ces pays connaissent, ce qui influence les autorités des pays à doubler les efforts et essayer d’avoir un bon climat d’investissement, en considérant l’IDE comme étant un catalyseur de la croissance économique à cause de ses bienfaits.
Ainsi, d’après les résultats de notre modèle, il apparaît que les IDE au Maroc n’a pas un impact significatif sur la croissance économique.
Conclusion générale
En conclusion, nous avons essayé de répondre à une question fondamentale (puisqu’elle traite la problématique de la croissance économique qui est un déterminant majeur pour le développement économique, social et humain, la réduction de la pauvreté et du chômage et l’amélioration du niveau de vie) dans l’économie marocaine, celle de la relation entre les IDE et son impact sur la croissance économique.
Dans une première partie, nous avons commencé par l’analyse des différentes théories explicatives des IDE, commençant à répondre aux questions relatives à l’intérêt dégager par l’échange, et les différentes caractéristiques des pays en termes de facteurs de production, d’autre part les IDE sont aussi expliqué en terme de liquidité ( monnaie, taux de change…) ,en passons rapidement sur leurs impact sur la croissance économique.
Dans une deuxième partie, Les IDE ont devenues comme étant un moteur de développement et un catalyseur de la croissance économique reconnu par de nombreux travaux théorique et particulièrement empirique .Cependant, cette relation est plus complexe quelle n’y apparaît. Cette complexité est expliquée essentiellement au lien étroit entre l’IDE et les pays d’accueil. Également, notre modèle indique un faible impact des IDE sur la croissance économique pour le Maroc, le constat qui indique que ce pays souffre encore des obstacles à son développement. Indiqué dans le rapport établi par Oxfam sur la situation sociale au Maroc en termes d’écarts de richesse au sein du royaume, qu’« Il faudrait 154 ans à un salarié au SMIG pour gagner ce que reçoit en un an, un milliardaire du Maroc », à partir de ce rapport le Maroc apparaît comme le pays le plus inégalitaire du nord de l’Afrique. L’image présentée par le rapport d’Oxfam tranche considérablement avec celle d’un Maroc arrivant en tête des pays qui ont réalisés des bons résultats en matière de croissance, de tourisme et d’attractivité.
Avant de clore cette mémoire, nous avons jugé nécessaire de vous incitez à réfléchir sur les autres causes qui fait de la relation entre IDE et croissance, une faible relation. Alors est ce que les conditions qui se figurent dans les actes bilatéraux entre pays, peuvent expliquer le résultat défavorable de cette relation ?