le phénomène de la globalisation et ses retombées


le phénomène de la globalisation et ses retombées

La question de la mondialisation et de l’interdépendance des nations a fait cet après-midi l’objet d’un débat à la Commission économique et financière (Deuxième Commission). Le thème de la mondialisation et ses retombées sur les pays et les peuples démontre l’importance de ce processus sur la vie internationale, a noté M. Nitin Desai, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, au cours de la présentation du rapport du Secrétaire général sur la question. La mondialisation est un processus objectif qu’il ne s’agit pas de remettre en question, ont dit le Groupe des 77 et la Chine, mais qui exige aujourd’hui une réflexion approfondie, en particulier sur les risques qu’elle comporte et les inégalités qu’elle engendre. Ainsi, comme l’a souligné le représentant du Ghana, les pays les plus riches bénéficient de 82% des exportations mondiales et de 68% des investissements directs étrangers. Dans ces conditions, la mondialisation, malgré le discours rationnel et libéral qui l’entoure, n’est que la manifestation la plus visible d’un capitalisme ravageur et insatiable, a jugé le Pakistan.

Des appels ont donc été lancés pour établir l’égalité des chances devant les bénéfices de la mondialisation par une réforme des mécanismes internationaux du commerce, de la finance et du développement. Il serait illusoire de vouloir réguler un processus dont les mécanismes ne répondent pas encore à des schémas connus, ont estimé les Etats-Unis qui ont recommandé une attitude pragmatique et souple. Cela n’a pas empêché de nombreuses délégations de demander le renforcement des Nations Unies, seul organe universel et démocratique, ayant l’autorité morale requise et les structures multilatérales indispensables pour engager un dialogue sur le processus de la mondialisation qui tiendrait compte des intérêts de tous les pays. Si la coopération internationale joue un rôle important dans la recherche de plus de justice et d’équité, a précisé l’Union européenne, les gouvernements ont chacun la responsabilité de s’adapter à la nouvelle donne. L’Inde a fait écho à ses propos, en dénonçant l’imposition de paramètres de libéralisations commerciale et financière uniformes.

Les représentants des pays suivants ont pris la parole : Guyana (au nom du Groupe des 77 et de la Chine), Finlande (au nom de l’Union européenne et des pays associés), Ghana, Etats-Unis, Fédération de Russie, République de Corée, Pakistan et Inde.

(à suivre – 1a) – 1a – AG/EF/277 26 octobre 1999

Auparavant la Commission avait achevé son débat sur l’application du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement en entendant la Fédération de Russie, l’Ethiopie, le Japon, la Nouvelle-Zélande (au nom du CANZ), l’Ukraine, l’Afrique du sud, la Chine et l’Iran. Le représentant de l’Organisation internationale du Travail (OIT) a également pris la parole ainsi que le Directeur de la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales et la Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).

La Commission poursuivra ses travaux demain mercredi 27 octobre à 15 heures.

DEVELOPPEMENT DURABLE ET COOPERATION ECONOMIQUE INTERNATIONALE

Application du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement

Débat

Mme CINDY BERMAN, Organisation internationale du Travail (OIT), a dit que les conditions de travail se sont considérablement dégradées au cours de ces dernières années dans les pays en développement en raison des exigences de la mondialisation. L’OIT a fait adopter des Conventions contre les mauvaises conditions de travail et notamment contre le travail des enfants. Des mesures contre l’exploitation et le mauvais traitement des travailleurs migrants, en particulier les femmes, existent également. L’adoption d’un cadre pour les droits de l’homme, conformément aux recommandations de la Conférence du Caire, est conforme aux recommandations et aux directives préconisées par l’OIT. Concernant la population et le développement, nous avons mis en oeuvre des actions qui s’adressent essentiellement aux femmes et aux jeunes. Nous militons pour la vulgarisation de services en matière de santé génésique, qui s’adresseraient en priorité aux femmes et aux adolescentes. Dans la promotion du Programme d’action de la CIPD, nous sommes la principale agence des Nations Unies, en dehors du FNUAP, engagée sur ce front au niveau des Etats. Etant donné l’impact du sida sur la force de travail, l’OIT recommande la mise en oeuvre de stratégies efficaces contre le VIH/sida et nous sommes engagés à travailler en vue de poursuivre les principales mesures négociées sur la lutte contre ce fléau.

M. VASSILI NEBENZIA (Fédération de Russie) a souligné l’importance de la session extraordinaire de l’Assemblée générale sur l’évaluation quinquennale de l’application du Programme d’action du Caire qui a permis de confirmer l’attention que la communauté internationale porte désormais à la dimension “démographie” des stratégies du développement. Il s’est dit, à cet égard, préoccupé par l’insuffisance de l’appui international aux programmes nationaux. L’importance des décisions de la session extraordinaire vient du fait qu’elles aident l’ONU à coordonner les efforts dans la mise en oeuvre de toutes les conférences internationales des Nations Unies, qu’il s’agisse du développement social, de la promotion des femmes ou encore de l’environnement. Il est heureux, a estimé le représentant, que le document final de la session extraordinaire tienne compte des problèmes des pays à économie en transition. Il est important, pour ces pays, de perfectionner le système de collecte et d’analyse des données démographiques, d’autant plus aujourd’hui que la Fédération de Russie a fixé le recensement de sa population au mois d’octobre 2002. De plus, la communauté internationale doit intensifier ses efforts pour aider les pays concernés à se sortir de la crise financière de 1997 et de 1998. Dans ce contexte, il est impératif que les politiques macroéconomiques conseillées comportent une dimension. Le représentant a attiré l’attention de l’ONU et des autres institutions internationales sur la question des réfugiés.

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M. AZANAW T. ABREHA (Ethiopie) a associé sa délégation à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine. L’Ethiopie partage le point de vue du Secrétaire général selon lequel le manque de ressources financières demeure le premier obstacle à la mise en oeuvre du Programme d’action du Caire. La politique de l’Ethiopie met l’accent sur les considérations d’équité entre les sexes dans le développement. L’éducation des filles est ainsi devenue prioritaire dans notre pays, a continué le représentant. L’Ethiopie encourage la participation des ONG dans les domaines de la santé et de la planification familiale, et nous avons développé un code qui favorise l’action des ONG dans les programmes que mène le gouvernement en matière de population. Les ONG installées dans notre pays, ont, grâce à ce cadre de travail, créé une association qui offre ses services au public. Quand notre politique nationale de population a été adoptée en 1993, le taux d’utilisation des contraceptifs était de 4% et les femmes avaient en moyenne 8 enfants par foyer. Aujourd’hui le taux de fertilité a baissé et est tombé à 6,4 et le taux d’utilisation des contraceptifs est de 10%.

M. NORIMASA SHIMOMURA (Japon) a estimé que les questions de population sont liées aux autres problèmes socioéconomiques et que par conséquent le travail en la matière doit tenir compte des impératifs de l’émancipation des femmes, de l’agriculture, de la sécurité alimentaire, du commerce et de l’environnement ainsi que de la lutte contre la pauvreté. Il est encourageant que la session extraordinaire de l’Assemblée générale ait reconnu la nécessité d’une telle approche multidisciplinaire. Le représentant a souligné qu’une mise en oeuvre plus avant du Programme d’action du Caire nécessite la mise en place de différentes méthodes de mise en oeuvre, de surveillance et d’évaluation soucieuses des traditions culturelles, politiques et religieuses de chaque pays. La participation active de la population locale au suivi du Programme d’action et le renforcement de ses capacités sont en outre nécessaire au progrès. Depuis 1986, le Japon se distingue comme le premier contributeur du FNUAP. Le pays est disposé à faciliter le travail du Fonds, de l’OMS et d’ONUSIDA en faisant non seulement des contributions financières mais également des contributions intellectuelles et ce, par la promotion de la coopération dans le domaine des projets. En outre, le Japon s’est engagé à consacrer d’ici à l’an 2000, 3 milliards de dollars de son Aide publique au développement aux activités liées à la population et au VIH/sida. Le représentant a mis l’accent sur l’importance de l’APD et des autres types d’assistances financière et technique pour l’élimination de nombreux problèmes liés à la sécurité humaine dont les problèmes démographiques.

M. GRANT ROBERTSON (Nouvelle-Zélande) a déclaré au nom de son pays, et du Canada et de l’Australie, que les problèmes de population sont des problèmes de développement, et que l’agenda du Caire pourrait être considéré comme le cadre général du développement durable. L’approche du Caire recommande et soutient la pleine participation des femmes dans tous les aspects des activités économiques et sociales.

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Investir dans le bien-être des femmes est une nécessité, si l’on veut aboutir au développement de la société dans son entier. Nous sommes pour l’inclusion des droits de l’homme et du bien-être de la personne humaine dans le Programme du Caire, et nous soutenons les appels lancés en faveur de la promotion de services sociaux dans le domaine de la santé génésique et de la santé sexuelle des jeunes, des femmes et des filles. Les pays au nom desquels je parle, a continué le représentant, demandent aussi le plein accès des populations à des services de planification familiale et de santé de qualité permettant de réduire les taux de mortalité et de morbidité maternels et infantiles et de prévenir le VIH/sida.

M. OLEKSII HOLUBOV (Ukraine) a indiqué que comme la plupart des pays à économie en transition, l’Ukraine devra faire face à une situation négative en matière de développement social et démographique. Il a mentionné le vieillissement de la population, causé par la baisse des naissances et le taux relativement élevé de mortalité, la détérioration de la santé publique, les flux migratoires et une situation écologique défavorable. Le représentant a fait état de l’impact de l’épidémie du VIH/sida dans son pays qui touche surtout la population jeune. Les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl ont été citées comme une autre cause de la détérioration de la santé publique. La population de l’Ukraine a chuté de 2 millions depuis cinq ans, a indiqué le représentant avant de rendre compte des initiatives prises par son Gouvernement. Le représentant s’est félicité de la visite récente du Directeur exécutif du FNUAP qui, a-t-il estimé, témoigne de l’attention accrue que le Fonds accorde à la région. Cette visite présage aussi de la coopération future entre le Fonds et l’Ukraine. Le représentant a accueilli avec satisfaction la décision du FNUAP de renforcer sa présence dans la région d’Europe orientale et de lancer en Ukraine un programme relatif à la santé reproductive. Le représentant s’est dit préoccupé par les difficultés financières que rencontrent le Fonds, en particulier ses programmes. Il a émis l’espoir que la volonté politique que les Etats Membres ont manifesté lors de la session extraordinaire donnera un nouvel élan à la mise en oeuvre du Programme d’action du Caire.

M. VAN SCHALKWYK (Afrique du Sud) a déclaré que son pays, qui a fait des problèmes de surnatalité et de santé génésique et sexuelle, notamment la pandémie du VIH/sida, des préoccupations essentielles, a mis en exécution au cours des cinq dernières années les termes du Programmes d’action du Caire et a favorablement accueilli les résultats de la 21ème session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée aux questions de population. Nous aurions cependant apprécié que des propositions d’action concrètes soient énoncées à la suite de cette conférence.

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Nous sommes inquiets que les ressources du FNUAP continuent de connaître une baisse constante, et que cet organisme soit, cette année, déficitaire de 72 millions de dollars dans ses activités opérationnelles au niveau des pays. Il est triste de constater, à ce sujet, que 15 membres contributeurs du FNUAP, ont réduit leurs contributions en 1998 et que seules trois nations font des efforts en vue d’augmenter le niveau de leurs engagements.

M. LI CHIGIAN (Chine) a souligné que l’atténuation de la pression qu’exerce une croissance démographique rapide ne se fait pas en une nuit. Elle exige des efforts continus et concertés de la part de la communauté internationale. Les pays développés et les pays en développement doivent s’aider mutuellement dans la recherche de solutions aux questions de population, recherche qu’ils doivent considérer comme une responsabilité commune et une obligation. Il reste beaucoup à faire pour réaliser les objectifs fixés au Caire et àla suite de la session extraordinaire de l’Assemblée générale. Les crises économiques et les catastrophes naturelles ont eu un impact certain sur le processus de mise en oeuvre. Les conflits locaux et régionaux représentent une menace pour la paix et le développement de l’humanité, a dit le représentant avant d’appeler la communauté internationale à respecter les engagements faits au Caire et à appréhender les questions de population dans la perspective générale de développement économique et social. Dans le cadre de son développement économique, la Chine considère la planification familiale, le contrôle de la croissance démographique et le renforcement de la qualité de vie des populations comme des piliers de ses politiques nationales. Au cours des 30 dernières années, la Chine a enregistré 338 millions de naissances de moins reculant ainsi de quatre ans l’arrivée du 6 milliardième enfant sur terre. La Chine continue de faire face à la pression démographique. De plus, elle sait que les problèmes du vieillissement de la population, d’emplois, de la structure démographique et des migrations deviendront de plus en plus importants dans le futur. La Chine a donc formulé des agendas, des directives et autres mesures et entend élaborer un “Plan d’action sur la population et le développement pour le 21ème siècle”.

M. MOHAMMAD ALI ZARIE ZARE (République islamique d’Iran) a associé sa délégation à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine. Il a déclaré que les données existantes montrent clairement que les pays en développement ont largement rempli, dans les limites de leurs ressources domestiques, les engagements qu’ils avaient pris au Caire. Mais il n’en est pas de même en ce qui concerne l’assistance internationale qui s’est illustrée par son absence. Les financements accordés par les donateurs aux actions en faveur des politiques démographiques sont loin d’avoir atteint les 17 milliards de dollars qui avaient été promis à l’horizon 2000. Plusieurs actions positives doivent être prises dans ce domaine.

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Le versement des contributions promises est une précondition importante, si l’on veut arriver à mettre en oeuvre le Programme du Caire. Sur le plan national, l’Iran a fait baisser de façon spectaculaire son taux de natalité, passant de 3,2% au milieu des années 80 à 1,4% en 1998. Les femmes sont désormais plus responsabilisées et leur rôle dans ce domaine a joué en faveur de cette réduction. L’Iran a conduit ces changements en respectant ses propres convictions éthiques et religieuses, et nous sommes prêts à partager notre expérience avec toute société en développement qui le souhaiterait.

M. JOSEPH CHAMIE, Directeur de la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales, a souligné que la session extraordinaire de l’Assemblée générale a été un grand succès et que les questions de population sont devenues un domaine où les Nations Unies ont connu une véritable réussite. M. Chamie a dit avoir bien entendu l’appel des délégations en faveur d’une plus large coordination au sein des Nations Unies dans les efforts de suivi de toutes les conférences internationales. Jeudi prochain, a-t-il annoncé, le Comité administratif de coordination (CAC) se réunira pour définir les initiatives de suivi. Les progrès qui ont été réalisés jusqu’ici doivent être renforcés et poursuivis pour assurer le même succès pendant le XXIème siècle.

Mme NAFIS SADIK, Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a remercié les gouvernements pour le renouvellement de leur engagement au Programme d’action du Caire et aux activités du FNUAP. Elle s’est déclaré encouragée par l’appel lancé en ce qui concerne les ressources financières. Elle s’est dit encouragée par la déclaration de la Finlande au nom de l’Union européenne, plus grand contributeur, qui a reconnu la nécessité d’accroître les ressources extérieures. Elle a souhaité que les autres donateurs suivront l’exemple de la Norvège et des Etats-Unis.

MONDIALISATION ET INTERDEPENDANCE

Rôle de l’Organisation des Nations Unies s’agissant de promouvoir le développement dans le contexte de la mondialisation et de l’interdépendance

Le rapport du Secrétaire général (A/54/358) a été établi en collaboration avec la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) et en consultation avec les organisations compétentes, en particulier la Banque mondiale, l’Organisation internationale du travail (OIT), l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI),le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et d’autres organisations du système des Nations Unies.

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La mondialisation, envisagée tant du point de vue analytique que sur le plan normatif et opérationnel, est un sujet qui figure à l’ordre du jour des Nations Unies depuis un certain temps. Ce rapport a pour but de préciser en quoi le phénomène complexe de la mondialisation influe sur le développement et quelles sont les incidences de cette interaction sur le rôle que joue l’ONU en matière de développement.

Pour élaborer des solutions adaptées aux défis qui résultent de la mondialisation, il est indispensable de bien définir la nature et la portée de ce processus, en particulier dans la perspective du développement. La mondialisation peut être envisagée de différentes façons. D’aucuns y voient surtout la mobilité transfrontière accrue des facteurs de production des biens et des services et le marché véritablement mondial qui en résulte; d’autres y voient essentiellement les résultats et le potentiel des progrès spectaculaires des technologies de l’information; d’autres enfin envisagent principalement la mondialisation sur le plan de ses effets sociaux et culturels. Si toutes ces approches mettent en évidence certains aspects de la mondialisation, le principal changement qu’elle a entraîné du point de vue du développement n’est ni l’internationalisation de la production en soi, ni la révolution des télécommunications, ni l’apparition d’une société “incivile”. Ce sont en fait le ralentissement et la portée cumulative de tous ces processus sur l’élaboration et l’application des politiques, aux niveaux tant national qu’international, qui constituent les deux principaux défis de la mondialisation en ce qui concerne les activités de développement du système des Nations Unies. Les forces de la mondialisation ayant des répercussions sur tous les aspects de la vie quotidienne, les politiques adoptées aux niveaux national et international concernant le commerce, les finances, les affaires sociales et l’environnement doivent être formulées de manière à tenir compte des relations qui existent entre ces différents domaines ainsi que des incidences cumulatives de la mondialisation. Introduire la cohérence au niveau de l’élaboration des politiques, constitue l’un des premiers et des principaux défis de la mondialisation. Etant donné son caractère universel et démocratique et son vaste mandat, le système des Nations unies est particulièrement bien placé pour promouvoir cette cohérence, tant à l’échelon national qu’à l’échelon international.

En conclusion, estime le Secrétaire général, la mondialisation et ses effets resteront au coeur des questions de développement au cours des années à venir. Pour jouer un rôle central face à ce phénomène, le système des Nations Unies doit continuer de recenser les questions qui non seulement se prêtent à des débats intergouvernementaux mieux structurés, mais aussi peuvent déboucher sur des résultats tangibles aux niveau mondial, régional et national.

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Déclaration liminaire

M. NITIN DESAï, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a présenté les documents relatifs à la mondialisation et à l’interdépendance entre les nations, notamment le rapport A/54/358. Il a fait remarquer la volonté exprimée par une majorité de délégations qui veulent donner leur point de vue sur la question. Ce n’est qu’à l’ONU, a-t-il fait remarquer que des discussions sur la mondialisation se sont réellement engagées. Nous pensons que l’on peut influer sur ce phénomène pour qu’il aille dans la bonne direction, et pour que l’Assemblée générale nous donne la capacité de le faire. Les échanges au sein de cette Commission doivent aider à mieux comprendre la mondialisation et ses conséquences. Le premier point à soulever, à notre avis, est celui de la cohérence des réponses à apporter aux défis auxquels chaque pays fait face, a dit M. Desaï. La capacité d’un gouvernement à gérer des mesures macroéconomiques dépend de ce que font d’autres gouvernements dans le même domaine. Nous avons souligné à plusieurs reprises que l’interaction nécessaire à la réussite d’un programme économique peut être perturbée par des turbulences incontrôlables, par exemple celles venant des marchés financiers, qui peuvent déstabiliser tout plan de développement patiemment mis en place. Nous avons des politiques qui se concentrent sur les flux financiers, l’accès aux marchés et les équilibres économiques, mais il n’y a pas de mécanismes qui permettent systématiquement d’harmoniser les évolutions dans les domaines cités plus haut. L’an dernier, beaucoup de pays ont perdu d’énormes recettes à cause de la chute des cours de leurs produits. Comment peut-on parer à ce genre de fait? Concernant la gouvernance, la mondialisation favorise des actions transnationales, mais avons-nous un mécanisme institutionnel pour réguler toutes ces activités? Sur les transactions financières, par exemple, il n’y a pas de mécanismes pour les contrôler et les réguler quand elles se font en dehors des frontières d’une nation qui en est pourtant affectée.

Un meilleur échange de vues devra voir le jour sur les avantages de la mondialisation. Dans le cadre de la CNUCED, on pourra améliorer la compréhension du phénomène, bien qu’il soit difficile d’en expliquer globalement tous les aspects. Nous pensons que les facettes liées aux avancées des technologies de l’information, qui sous-tendent tous les autres, sont primordiales. Les connaissances sont le moteur de la mondialisation, mais dans quel forum discuterons-nous des aspects non techniques des retombées de l’usage des technologies de la communication? Les pays ont besoin qu’on les aide sur cette question. Un deuxième thème important de la mondialisation, est celui des flux de capitaux privés qui sont les principales sources de financement de la mondialisation. L’ONU aide les pays à mieux utiliser les tendances nouvelles de ces financements. Le troisième domaine majeur de la mondialisation est, enfin, celui du commerce, qui est désormais dominé par les activités de firmes transnationales et dans ce domaine, nous pensons qu’il faut arriver à mettre en place des institutions qui soient capables de traiter les distorsions des activités commerciales.

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Ce qui nous inquiète, c’est que certains estiment que personne n’est responsable de ce qui se produit, et qu’il faut laisser jouer la loi du marché. Ensuite, les inégalités causées par les retombées du phénomène sont inquiétantes. L’ONU doit veiller à ce que certaines nations ne soient pas laissées à l’abandon dans cette nouvelle économie fondée sur la connaissance. Cette Commission doit donc veiller à créer une “charpente” qui nous donnera les moyens et le cadre de régulation et de compromis nécessaires à une saine évolution de la mondialisation.

Débat

M. SAMUEL R. INSANALLY (Guyana) au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a souligné que la mondialisation domine l’économie mondiale et, que nourri de la révolution technologique et d’une libéralisation accrue du commerce et des finances, le processus a rapidement transformé le monde en un seul marché mondial. Ce processus a, à bien des égards, engendré l’impuissance et le manque de contrôle. Les pays en développement en ont tiré de modestes gains et souffert, en revanche, de pertes substantielles. Ces pays ont ainsi connu une augmentation des niveaux de pauvreté et de chômage, une marginalisation dans le processus de prises de décision économiques, et une crise financière dévastatrice qui a réellement effacé des années de développement et de croissance sans précédent. Le degré de vulnérabilité aux effets de la mondialisation étant variable, les stratégies de gestion de cette mondialisation doivent répondre aux besoins spécifiques de chaque pays, en tenant compte des niveaux de développement. Pour donner un visage humain à la mondialisation, il convient donc de renforcer l’appui international qui doit viser à fournir l’assistance requise dans les domaines du commerce et des finances par l’octroi de financements concessionnels, l’accès aux marchés et aux technologies et une participation accrue aux processus de prise décisions commerciales et financières. L’incapacité des institutions internationales existantes à traiter des déficiences systémiques de l’économie mondiale a multiplié les appels en faveur d’une réforme de l’architecture financière internationale, a souligné le représentant. A cet égard, les pays en développement n’insisteront jamais assez, a-t-il dit, sur la nécessité de leur donner un plus grand rôle dans le processus de prise de décisions afin qu’ils puissent faire entendre leurs préoccupations et besoins. Pour répondre aux opportunités et aux défis de la mondialisation, les politiques nationales doivent être à la fois offensives et défensives. Les mesures offensives doivent viser l’investissement et le développement du commerce alors que les mesures défensives doivent aider à se prémunir contre les forces prédominantes des marchés ouverts. La mondialisation a mis en lumière la nécessité de nouvelles formes de partenariats dans le domaine du développement. Les Gouvernements ne peuvent plus faire face seuls aux défis actuels sans la coopération du secteur privé et de la société civile. La mondialisation et l’interdépendance accrue ont tout de même eu l’avantage de donner un nouvel élan à la coopération Sud-Sud.

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Il faut espérer que le Sommet de la Havane, qui doit se tenir l’année prochaine, fournira une plate-forme pour explorer le potentiel de la coopération entre et parmi les groupes économiques sous-régionaux et régionaux et les communautés du Sud. Il est également nécessaire que l’on élargisse la coopération Sud-Sud au secteur privé et aux acteurs non gouvernementaux. Le représentant a estimé que la recommandation du Secrétaire général visant au renforcement du rôle de l’ONU et de ses liens avec les autres partenaires du développement mérite réflexion. Il a attiré l’attention sur l’idée de créer une équipe spéciale de l’ECOSOC chargée de rechercher les moyens de promouvoir la cohérence des politiques et les mesures de renforcement des capacités institutionnelles. Cette équipe ferait ainsi le lien entre les résultats des conférences internationales comme CNUCED X ou la conférence à venir sur le financement du développement. La proposition de dialogue entre l’ECOSOC et l’OMC est opportune et utile, a dit le représentant. Il a appuyé les efforts visant à renforcer l’efficacité des institutions spécialisées comme la CNUCED, la FAO, l’ONUDI, le PNUD ou encore l’UNICEF, chargées du développement économique et social. Pour ce faire, le représentant a souligné la nécessité d’une coopération avec les institutions internationales chargées des questions financières mondiales et du commerce mondial comme le FMI, la Banque mondiale et l’OMC.

Mme MARJATTA RASI (Finlande) a déclaré, au nom de l’Union européenne et des pays associés, que la mondialisation apporte à la fois à chaque nation des défis et des opportunités. C’est un processus à facettes multiples qui comprend des aspects économiques, politiques, sociaux, environnementaux, technologiques et culturels. En vue de réellement discuter, par exemple, du problème de la pauvreté, il faut plus de coordination et de cohérence entre les actions menées dans chacun des secteurs. Un cadre effectif de gouvernance nécessite de nouvelles perspectives qui s’appuient sur des approches plus cohérentes de toutes les dimensions du développement durable. Nous savons, et c’est un point important, que la responsabilité du développement de la mondialisation et de ses différents aspects, ne peut être abandonnée aux seules forces du marché. En conséquence, et plus que jamais, nous avons besoin de mesures politiques pour accompagner, et pourquoi pas guider la mondialisation, en vue d’en répandre les bénéfices de façon plus équitable. Ce défi demande davantage de coopération internationale en vue d’arriver à ce que certains appellent justement une “mondialisation à visage humain”. Ces mesures pourraient inclure des mécanismes mondiaux de négociation et l’inclusion de considérations visant le développement durable dans toute prise de décisions qui engagerait l’avenir des peuples de la planète en matière de commerce, d’investissement, d’environnement, d’équilibres sociaux et autres. L’Union européenne aimerait que dans le contexte de la mondialisation, plus d’attention soit accordée à la lutte contre la pauvreté et aux mesures à prendre en vue d’éviter la marginalisation totale des pays en développement.

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Au niveau national, l’adaptation à la mondialisation exige que les gouvernements et les peuples soient souples et s’adaptent rapidement aux pressions et aux opportunités qui se présentent à eux. La première responsabilité du développement incombe, en effet, aux pays eux-mêmes, et le soutien de la communauté internationale ne doit y être qu’un complément, même s’il est indispensable dans les conditions actuelles. La crise financière en Asie a fait apparaître la fragilité et les lacunes du système financier international actuel. Nous soutenons les discussions visant une réforme en ce domaine, et soutenons les initiatives prises par le système de l’ONU et la Banque mondiale dans le domaine des politiques de développement social qui devraient donner aux populations les moyens de s’adapter rapidement aux retombées des crises financières, une simple réforme des conditions des transferts financiers n’étant pas un remède suffisant pour une préservation des normes de vie atteintes par un peuple. Concernant les négociations commerciales au sein de l’Organisation mondiale du commerce, les pays riches doivent donner aux pays en développement les moyens de participer pleinement aux négociations. A cet égard, nous attendons que le prochain sommet de la CNUCED à Bangkok, au début de l’année 2000, offre le cadre de la discussion qui s’impose en ce moment sur les questions de la mondialisation, du commerce et du développement.

M. KWABENA OSEI-DANQUAH (Ghana) a déclaré que c’est peut-être en raison du rôle des fonds de pension dans les turbulences financières de l’Asie que l’attention a été entièrement tournée vers les aspects financiers de la mondialisation, délaissant les autres aspects, en particulier le commerce et les liens entre finance, commerce et développement. Le représentant a estimé que les Nations Unies, par leur caractère universel et démocratique, sont le seul organe capable de mener le processus de restructuration de l’architecture financière internationale afin de la rendre plus stable et plus participatoire et de définir un réseau cohérent de gouvernance mondiale en matière de finance, de commerce et de développement. La mondialisation n’est pas, par nature, très différente du paradigme familier du “marché créateur d’inégalités”, a souligné le représentant en ajoutant qu’étant donné la nature globale de la mondialisation, une gouvernance efficace en la matière doit être pareillement globale. Une gouvernance forte et efficace est nécessaire à la gestion des conséquences de la mondialisation aux niveaux national et international. Les Nations Unies doivent devenir le forum qui permettra d’identifier les responsabilités respectives des pays en développement, des pays développés et des institutions multilatérales en matière de gouvernance et de l’appui à apporter aux pays en développement dans le domaine du renforcement des capacités. Cette gouvernance mondiale exige donc la participation des pays en développement aux activités des organes chargés de différents aspects de la mondialisation.

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Pour le représentant, les organisations internationales doivent aller au-delà de la promotion d’une discipline macroéconomique, de la libéralisation et de la limitation du rôle de l’Etat pour agir véritablement dans les domaines liés au renforcement des capacités institutionnelles, en ce qui concerne en particulier les marchés, la règle de droit et de bonne gouvernance afin d’assurer ainsi une convergence institutionnelle entre pays en développement et pays développés. De plus, ces organisations doivent aider les pays en développement à créer leurs infrastructures de base et de développement social, en appuyant notamment la constitution d’un filet de sécurité sociale pour protéger les populations vulnérables et marginalisées.

M. REVIUS O. ORTIQUE (Etats-Unis) a déclaré que la mondialisation, malgré tout ce que l’on en dit, reste un phénomène mal compris, et dont personne ne voit encore toutes les retombées et implications. Aussi, si déjà on ne peut encore totalement en maîtriser les tenants et les aboutissants, comment peut-on prétendre planifier les règles et les principes du développement lui-même? Etant donné la rapidité des changements qu’engendre le processus de mondialisation, les Etats-Unis pensent que toute structure mise en place aujourd’hui se révélera rapidement obsolète avant même qu’elle ne soit connue de tous les Etats Membres de l’ONU, par exemple. Aussi, se doit-on de rester souple et pragmatique quand on discute et que l’on veut apporter des solutions aux problèmes causés par la mondialisation de l’économie. Nous pensons qu’il faut adopter une approche holistique tenant compte de l’inter-relation entre économie, environnement et social. Enfin, les Etats-Unis pensent qu’il faut mettre en avant les progrès accomplis dans le domaine des technologies de l’information et la disponibilité de la connaissance et de l’information sur tous les grands réseaux adéquats. C’est l’usage de ces technologies et de cette connaissance qui peut permettre aux individus et aux gouvernements de profiter des avantages et des opportunités qu’offre la mondialisation, et de se préserver de ses conséquences négatives. Une manière de se servir efficacement du flot d’informations et de connaissances qui est mis à la disposition de chacun de nous, est de définir clairement, au départ, nos priorités en matière de croissance économique, de développement social et de protection de l’environnement. Quand à la question clef de l’interdépendance, sur laquelle les Nations Unies, par la voix du Secrétariat, ont avancé quelques idées “provocatrices”, dont certaines sont d’ailleurs pertinentes, et d’autres vont au-delà de ce que peut faire l’ONU, nous pensons qu’elle donnera lieu à des débats intéressants.

M. YURI ISAKOV (Fédération de Russie) a indiqué que comme la plupart des pays, la Fédération de Russie considère la mondialisation comme un processus objectif qui offre de nouvelles opportunités de développement en même temps qu’il comporte des risques. Pour prévenir ces risques, il convient, selon le représentant, de développer collectivement une stratégie concertée de gestion de la mondialisation pour adapter les économies nationales aux nouvelles circonstances et assurer un partage équitable des bénéfices.

– 13 – AG/EF/277 26 octobre 1999

Les retards économiques et le peu de compétitivité dans les domaines des technologies, de l’information et de potentiel humain compliqueront encore l’adaptation des pays en développement et des pays à économie en transition au processus de mondialisation. Dans ce contexte, il devient urgent de renforcer les Nations Unies et les autres institutions multilatérales chargées des questions complexes du commerce, de la finance et du développement et de démocratiser les institutions internationales. L’examen des problèmes liés à la mondialisation doit se faire de manière transparente et s’assurer de la participation des pays, des institutions multilatérales, des milieux d’affaires, de la communauté universitaire et du public en général.

M. KIM HAK-SU (République de Corée) a estimé qu’au vu de l’interdépendance croissante entre les nations, les marchés et les individus, on peut être certain que sans un accent mis sur le multilatéralisme et la cohérence des politiques à mettre en place, la mondialisation mènera continuellement à des crises. La République de Corée croit, en conséquence, que les Nations Unies ont, par rapport à toute nation ou tout bloc de nations, un avantage comparatif pour fournir le leadership capable de s’adresser aux différents défis de la mondialisation. Nous estimons que l’ONU doit continuer à jouer un rôle catalytique dans la formulation de politiques intégrées et cohérentes, en partenariat avec des organes comme les institutions de Bretton Woods et l’Organisation mondiale du commerce. Concernant le partenariat international, nous pensons que ses termes et actions ne devraient pas seulement se limiter aux Etats et aux compagnies transnationales, mais devraient inclure tous les acteurs sociaux. Nous pensons qu’en vue de réaliser un développement durable, un environnement stable permettant à toutes les populations de participer devra être créé.

M. LUIZ TUPY CALDAS DE MOURA (Brésil) a estimé que la mondialisation n’est pas seulement économique mais qu’elle comporte des dimensions politiques, technologiques et culturelles. Un certain nombre d’aspects de la mondialisation ont été finalement acceptés, a ajouté le représentant. Le premier aspect a trait à la nature ambivalente de la mondialisation puisqu’elle influence la croissance et la productivité en même temps qu’elle mène aux inégalités au sein des pays et entre les pays. Le deuxième aspect concerne le fait que la notion de mondialisation ne vient pas du vide mais des processus économiques développés dans des cadres institutionnels. Il est donc permis de croire que les mécanismes institutionnels et régulatoires actuels ne sont pas adaptés aux nouvelles réalités de la mondialisation. Le troisième aspect est lié au fait que les défis de la mondialisation ne peuvent être relevés de manière unilatérale, une approche de coopération est donc requise. Le quatrième aspect a trait à la nécessité d’une coopération multilatérale tenant compte du phénomène de mondialisation dans ses différentes perspectives, en particulier les interactions entre les domaines du commerce, de la finance, de la macroéconomie et de l’interaction de ces trois domaines avec les préoccupations sociales.

– 14 – AG/EF/277 26 octobre 1999

Les Nations Unies, en particulier le Conseil économique et social, constituent le forum idéal pour mener une discussion approfondie sur la question de la mondialisation, le dialogue avec les institutions de Bretton Woods étant important.

M. INAM-UL-HAQUE (Pakistan) a déclaré que les peuples qui souffrent des conséquences de la mondialisation savent que ce processus n’est qu’une nouvelle forme de dominations économique, politique et culturelle. Des millions de personnes souffrent aujourd’hui dans le monde de l’inégalité voulue des règles de l’économie internationale. Le commerce, les investissements et les flux financiers se limitent aux pays développés et il n’existe aucun transfert de ressources des riches vers les pauvres. C’est le contraire qui en fait se produit, voila la réalité. La mondialisation bénéficie à une minorité humaine, celle du Nord, aux dépens de la majorité. Pour dire les choses tout haut, la mondialisation n’est que le nouveau visage du colonialisme, la manifestation la plus visible d’un capitalisme ravageur et insatiable, la forme la plus élaborée d’exploitation des pays et des peuples faibles, l’exploitation des pauvres sous couvert de libéralisme, de droits de l’homme et de marchés. En fait, elle est la continuation du colonialisme des siècles et des décennies passées, à une époque où l’exploitation de l’être humain doit se donner des allures respectables et légales. Elle se fait parce que les Etats des pays riches ont besoin de transférer leur volonté de puissance vers leur secteur privé, qui représente leurs peuples, et elle se fait avec la complicité volontaire des élites des pays en développement, obnubilées par le mirage de la consommation qui existe dans les pays dont ils défendent les visées. Les compagnies transnationales exploitent de manière éhontée la main-d’oeuvre bon marché des régions pauvres du monde et les prix des matières premières sont manipulés pour assurer un approvisionnement à vil prix des pays riches. Les marchés des pays pauvres sont ouverts de force au nom de la libéralisation, alors que les riches ferment les leurs en faisant usage de duplicité et de toutes sortes de stratagèmes. Les marchés financiers internationaux saignent à blanc les ressources financières des pays émergents à travers des activités de spéculation monétaire et d’énormes transferts financiers continuent d’avoir lieu, sans surveillance, du Sud vers le Nord. Quant aux technologies, dont on dit qu’elles sont indispensables pour s’intégrer à la mondialisation, on s’est arrangé pour que leurs prix exorbitants les rendent inaccessibles aux pays en développement. Est-il donc, sous cette lumière, surprenant que les plus ardents défenseurs de la mondialisation soient les riches et les développés? Ce phénomène n’est qu’une répétition du laissez-faire économique qui, au 19ème siècle, a permis l’exploitation des faibles pour enrichir ceux qui sont aujourd’hui devenus dominants.

– 15 – AG/EF/277 26 octobre 1999

M. JAYANT MALHOUTRA (Inde) a souhaité que la communauté internationale entreprenne une analyse approfondie des opportunités et des risques de la mondialisation. Cela est particulièrement nécessaire, a-t-il dit, au niveau national où les pays doivent définir ce que la mondialisation doit représenter pour eux. Si la mondialisation doit vraiment être déterminante au niveau national, elle ne peut se contenter de conduire à l’augmentation des flux financiers mais devra apporter des améliorations dans les normes et les conditions de vie. La mondialisation doit donc contribuer à la recherche de solutions aux problèmes de la pauvreté, du chômage, de l’éducation et de la santé. Partant, il est nécessaire d’évaluer l’impact des politiques prises dans le contexte de la mondialisation sur chaque individu de chaque pays en développement. Pour répondre aux défis de la mondialisation, il est également nécessaire de reconnaître les différences entre les capacités économiques et sociales des différents pays et régions. Il faut, pour cela, éviter d’imposer la libéralisation des secteurs commercial et des finances en fonction de calendriers uniques. La libéralisation en ces matières doit se faire au rythme spécifique de chaque pays. Si l’on veut éviter la misère humaine que l’on a expérimentée durant les crises en Asie et en Fédération de Russie, il faut permettre aux pays de fixer eux-mêmes les calendriers et les modalités d’adaptation à la concurrence accrue découlant de la libéralisation du commerce. Les pays doivent d’abord mobiliser des ressources financières, assurer notamment l’éducation et la formation des forces de travail, et investir dans la recherche pour relever les défis de la mondialisation.

Au niveau international, il faut reconnaître que la mondialisation est un chantier en cours dans lequel chaque pays est à la fois acteur et spectateur. La communauté internationale doit rechercher les moyens de minimiser les risques de la mondialisation, en particulier pour les pays en développement, et ce, en partant des opportunités et des défis que cette mondialisation représente. Il faut examiner les différentes facettes de la mondialisation de manière intégrée en ne s’arrêtant pas seulement sur ses symptômes mais en se concentrant réellement sur les lacunes structurelles notamment dans les domaines de l’accès aux marchés, de la libéralisation financière et des cadres réglementant la technologie et le savoir. Il s’agit aussi d’établir une véritable égalité où tous les pays, en particulier les pays en développement, seront en mesure de participer à la course mondiale du développement et de la prospérité.

https://www.un.org/press/fr/1999/19991026.agef277.html* *** *


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