changement structurel,inégalités et modèle de développement


changement structurel,inégalités et modèle de développement

Pour parvenir à des résultats économiques robustes
et soutenus se traduisant par un développement
durable pour tous, l’Afrique doit adopter des stratégies
de développement social en phase avec l’expansion
de son industrie et des secteurs modernes de son
économie.
L’industrialisation contribue puissamment à
diversifier la structure de production des économies
africaines et à créer de nouvelles possibilités d’emploi
pour une main-d’œuvre toujours plus nombreuse.
Pour enregistrer une croissance économique
soutenue et une réduction notable de la pauvreté,
l’Afrique doit développer ses capacités productives,
de façon à ce que la population en âge de travailler
soit employée en nombre croissant et de manière de
plus en plus productive. Les capacités productives
nationales se développent grâce aux processus
interdépendants de l’accumulation de capital et du
progrès technologique qui, à leur tour, entraînent le
changement structurel.
Le développement social est à la fois le résultat et le
point de départ d’un programme de transformation
structurelle réussi. Une main-d’œuvre saine et
instruite, aux compétences élevées et utiles, va
nécessairement de pair avec une adaptation des
politiques industrielles et sociales qui favorise la
diversification de l’économie, crée des possibilités
d’emploi et réduit la pauvreté.
Les dynamiques démographiques et l’urbanisation
qui caractérisent aujourd’hui l’Afrique présentent
un tableau mitigé de défis et d’opportunités. Il est
important de tenir compte de ces phénomènes
sociaux dans un programme de transformation
structurelle. L’urbanisation rapide du continent devrait
être mue par le développement de l’industrialisation
et un secteur des services compétent, à l’inverse des
tendances observées par le passé.
Le ratio emploi-population et le taux d’activité sont
en hausse en Afrique. Cette tendance devrait se
maintenir en raison de la croissance démographique
actuelle. Le secteur informel continue de fournir la
plus grande partie des débouchés d’emploi, malgré

les conditions de travail et les régimes de protection
sociale inadéquats qu’il impose.
Le changement structurel a été minime depuis
les indépendances. Les manufactures ont eu la
croissance la plus lente et les services, celle la plus
rapide. (figure 2.1). Ainsi la part de l’industrie est-elle
restée pratiquement constante depuis les années
1960, à environ 35 % de la valeur ajoutée, et la
contribution de l’activité manufacturière a-t-elle en
fait baissé, conduisant à une désindustrialisation.
Cette évolution est particulièrement prononcée dans
les pays riches en ressources naturelles, où l’industrie
est souvent centrée sur les activités touchant à
l’exploitation minière, offrant peu d’emplois et
établissant peu de liens avec les autres secteurs.
Après la baisse de croissance qui a touché tous
les secteurs, sauf l’agriculture, pendant la période
allant de 1980 à 1999, l’industrie a vu repartir sa
croissance moyenne à partir de 2000, mais à un
niveau inférieur à celui des premières années suivant
les indépendances. Les manufactures ont eu la
croissance la plus lente et les services, celle la plus
rapide. (tableau 2.1).
L’industrialisation contribue
puissamment à diversifier
la structure de production
des économies africaines
et à créer de nouvelles
possibilités d’emploi pour une
main-d’œuvre toujours plus
nombreuse.

CROISSANCE ET CHANGEMENT STRUCTUREL
SELON LES PARADIGMES STRATÉGIQUES

Depuis leur indépendance, les pays africains ont
suivi un grand nombre de paradigmes de politique
économique – en fonction des priorités complexes
des organismes financiers internationaux – ce
qui a souvent entraîné l’application de politiques
répondant assez vaguement à leurs besoins et qui
n’ont pas résolu leurs difficultés. Ces stratégies ont
vu le jour avec la première phase de planification
du développement (de 1960 à 1979), et se sont
poursuivies par les programmes d’ajustement
structurel (de 1980 à 1999) et la période de la quasiplanification (de 2000 à ce jour) (CEA, 2014).
Malgré ses faiblesses, la période de planification
du développement qui a suivi les accessions à
l’indépendance, qui prévoyait des politiques de
substitution des importations en vue de développer
l’industrie locale, a aidé les pays africains à leurs débuts.
La part de valeur ajoutée du secteur agricole a décliné
de façon régulière en Afrique, tandis que celles de
l’activité manufacturière et des services suivaient une
courbe en U inversé qui traduisait une augmentation
de la valeur ajoutée et de l’emploi lorsque les niveaux
de croissance étaient moins élevés, et une diminution
de ces caractéristiques lorsque les niveaux de
croissance étaient plus élevés (CEA, 2014) (figure 2.2).
L’Afrique a donc bien connu un changement structurel
de 1970 à 1979, mais celui-ci est resté limité faute, d’un
socle industriel suffisant pour répondre à la demande
interne, le secteur manufacturier ne pouvant dès lors
guère contribuer à la transformation.
Les programmes d’ajustement structurel ont pesé
sur le processus de transformation engagé pendant
la période de planification. Suivant des conseils
fondés sur le principe de l’avantage comparatif, ces
programmes ont conduit à une redistribution de
l’emploi de l’industrie et des services vers l’agriculture
et le secteur informel. Malgré des augmentations du
PIB par habitant associées au déclin de la part de valeur
ajoutée agricole, la vitesse de ce déclin a été moindre
que pendant la période suivant les indépendances.
De même, la valeur ajoutée du secteur manufacturier
a suivi une courbe dissymétrique en U inversé, mais
au déclin moindre que pendant la période qui avait
suivi les indépendances (CEA, 2014) (figure 2.3).
La contribution de l’activité manufacturière à la
transformation a été plus limitée que pendant la
période de la planification.

Malgré une baisse de leur part de l’emploi total,
les services ont vu leur part de valeur ajoutée
augmenter constamment, ce qui a confirmé le fait
que les licenciements entraînés par la privatisation
des entreprises publiques avaient augmenté la part
d’emploi de l’agriculture et de valeur ajoutée des
services (figure 2.4).
Au niveau sous-régional, le ralentissement de
la croissance industrielle pendant la période
des programmes d’ajustement structurel a été
particulièrement prononcée en Afrique de l’Est et
australe, tandis que la croissance ouest-africaine s’est
montrée la plus résiliente.
Depuis 2000, la part de l’agriculture dans l’emploi
a baissé avec la croissance, tandis que celles de
l’industrie et des services ont progressé. La part
de la valeur ajoutée agricole a continué de baisser
et celle de l’industrie et des services d’augmenter
(figure 2.5). Bien que les opportunités d’emploi dans
le secteur manufacturier aient enregistré une hausse
constante, celle-ci a été moins forte que pendant
la période de la planification (quoique plus rapide
que pendant celle des programmes d’ajustement
structurel) (CEA, 2014).
À l’échelon sous-régional, dans l’ensemble, la reprise
de la croissance après 2000 a été portée par une
croissance industrielle accélérée de l’Afrique de l’Est,
du Nord et de l’Ouest, et des services en Afrique
centrale, de l’Est et de l’Ouest (figures A2.1 à A2.3 de
l’annexe 2). L’Afrique de l’Ouest a contribué de façon
significative à la croissance industrielle du continent
au cours des dernières années, avec une croissance
annuelle de plus de 8 %.
Qui dit croissance industrielle ne dit toutefois
pas croissance manufacturière : en l’occurrence,
la catégorie générale a dépassé la catégorie
particulière aux niveaux régional comme sousrégional (figure 2.6). Pendant la période de 2000
à 2012, la croissance industrielle moyenne a été
3,6 fois plus forte que la croissance manufacturière
en Afrique australe – un écart particulièrement
marqué – et 2,7 fois plus forte que celle de l’activité
manufacturière en Afrique de l’Ouest.

DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET CHANGEMENT
STRUCTUREL : UNE RELATION BIDIRECTIONNELLE

Les résultats économiques récents de l’Afrique
n’ont pas suivi une trajectoire de développement
inclusive et durable. Le faible niveau de
développement du continent tient à la lenteur
avec laquelle il s’affranchit des activités centrées
sur les produits de base, situation qui soumet la
croissance économique à une volatilité induite par
le commerce, et entrave l’accumulation du capital
physique et humain. L’espérance de vie – indicateur
de santé – et l’enseignement secondaire sont
fortement liés à la productivité et au changement
structurel, qui vont de pair avec un capital humain
de qualité. Les caractéristiques essentielles qui
définissent le changement économique sont liées à
la transformation sociale (CEA, 2014)5
.
La politique sociale joue un rôle vital dans le
renforcement de ces liens. La Malaisie, économie
qui a réussi sa transformation, évalue ses futurs
besoins en compétences manufacturières en
identifiant les déficits actuels au niveau de l’offre.
À Maurice, les inscriptions dans l’enseignement
technique et professionnel représentent à peu
près la moitié des inscriptions de l’enseignement
secondaire et fournissent des qualifications et des
compétences aux techniciens de niveau inférieur
et moyen qui promeuvent le développement
industriel. Maurice adapte également ses politiques
sociales – notamment en matière d’amélioration des
compétences, d’emploi et de protection sociale – à ses
besoins d’industrialisation. Les politiques avisées de
rédistribution et d’investissement dans la recherche,
l’innovation et l’amélioration technologique sont
d’autres moyens importants utilisés par des pays
comme Maurice pour parvenir à un développement
social plus équitable et ouvert à tous (Centre africain
pour la transformation économique, 2014).
La croissance inclusive est fondamentale pour une
pleine contribution du changement structurel
à la transformation. Cela étant, la pauvreté sévit
encore en de nombreux endroits du continent, qui
compte sept des dix sociétés les plus inégales du
monde à de nombreux égards, dont la richesse,
le revenu et l’accès aux services publics. Pour que
le développement inclusif devienne réalité, et en
réponse à l’appel de ses États membres en faveur

d’un cadre de développement africain, la CEA a mis
au point un indice de mesure de l’inclusion sociale
(encadré 2.2).
Les informations nationales fournies par l’IADS
peuvent contribuer à informer les décideurs sur
les déterminants de l’exclusion dans leurs pays
respectifs, et leur permettre de mettre au point des
politiques visant à réduire l’exclusion dans telle ou
telle dimension du développement. Calculer de l’IADS
peux aider les pays à améliorer leurs collectes des
données (en particulier au niveau déconcentré ) et à
renforcer leur capacité de suivi des progrès réalisés
dans leur action contre la pauvreté et l’exclusion.
L’IADS peut constituer un outil puissant de suivi et
d’orientation des investissements sociaux, ainsi que
de détermination des transferts budgétaires qui
pourraient s’effectuer vers des niveaux décentralisés
des pouvoirs publics pour un développement
économique plus inclusif.
PAUVRETÉ ET INÉGALITÉ
On estime à 366 millions le nombre de personnes qui,
en 2015, vivront encore avec moins de 1,25 dollar des
États-Unis par jour en Afrique (Banque mondiale,
2014).
L’élasticité croissance-pauvreté (effet sur la pauvreté
d’une augmentation de croissance de 1 %) dans
les pays africains riches en ressources – c’est-à-dire
les pays où la rente tirée des ressources représente
plus de 15 % du PIB – est de -1,1576
. Cet effet de la
croissance sur la pauvreté est plus faible que toutes
les autres moyennes régionales, ce qui souligne les
liens ténus qui existent entre le secteur des matières
premières et l’économie au sens large de ces pays.
L’élasticité croissance-pauvreté est deux fois plus
élevée en Asie, et trois fois plus élevée en Amérique
latine (Fosu, 2011). Une faible élasticité croissancepauvreté reflète le déséquilibre structurel qui existe
entre les secteurs de haute intensité de capital et la
réduction de la pauvreté par une véritable création
d’emplois.

https://www.uneca.org/sites/default/files/uploaded-documents/ERA/ERA2015_Fr/chap2.pdf


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