Entretien automobile : jusqu’à 30% de marge nette !


Entretien automobile : jusqu’à 30% de marge nette !

LES AUTOMOBILISTES SONT REBUTÉS PAR LE MANQUE DE PROFESSIONNALISME DES GARAGES INFORMELS ET LES TARIFS ÉLEVÉS DES CONCESSIONNAIRES. OUVRIR UN GARAGE ENTRE 350 ET 750M2 NÉCESSITE UN INVESTISSEMENT D’ENVIRON 800000DH À 2,5MDH HORS FONCIER. UN GARAGE STRUCTURÉ EFFECTUE ENTRE 6 000 ET 10000 INTERVENTIONS PAR AN.

C’est un constat qui fait l’unanimité dans le secteur automobile: la clientèle devient plus regardante sur la qualité. Lorsqu’il s’agit d’entretenir son véhicule, les clients cherchent désormais un service professionnel, des pièces de rechange disponibles au juste prix et un service après-vente irréprochable. Ce changement dans les habitudes de consommation a impliqué une reconfiguration du marché de l’entretien automobile. Ils sont moins nombreux les automobilistes prêts à confier leurs véhicules au garagiste du coin (du quartier). Ils sont aussi moins enthousiastes à l’idée d’aller chez les concessionnaires en raison des tarifs jugés trop élevés.. ! A mi-chemin entre les deux, se tient un modèle d’affaires qui a le vent en poupe, celui des nouveaux garages structurés.

Ces espaces repensés pour une qualité de service améliorée proposent une gamme élargie de services, en plus de la vente des pièces de rechange multi-marques. Leurs offres comprend en général le diagnostic, la vidange, le freinage, les pneumatiques, y compris la géométrie 3D, les travaux de tôlerie, la suspension, la climatisation, le circuit de charge en plus de petites interventions régulières..

Dans le secteur les spécialistes expliquent qu’en moyenne un garage structuré effectue entre 6 000 et 10 000 interventions par an (chaque garage a sa capacité qui dépend de ses moyens d’exploitation). Le nombre de passages au garage augmente à mesure que le véhicule vieillît. D’habitude, les automobilistes s’adressent aux concessionnaires durant la période de garantie qui sont, en général, bien équipés et assurent le service d’une manière professionnelle. Le service après-vente et la réparation contribuent à environ 40 %, au moins, de la rentabilité des concessions. «Après la période de garantie, le suivi et la réparation sont faites par les ateliers de réparation et accessoirement dans les concessions. La tendance est qu’avec le vieillissement, les concessionnaires perdent leur part de marché au profit des réparateurs», explique Omar Magoul, DG d’Interworld, qui organise Serv’auto,le salon de la maintenance automobile et de l’équipement des garages. Il ajoute que le secteur voit l’arrivée de grands ateliers de réparation avec un matériel nouvelle génération et des appareils de diagnostic de haut niveau. «Il faut reconnaître que la concurrence pousse à l’amélioration à travers la formation et l’acquisition d’équipement fiable. Les services de réparation sont en perfectionnement continu», affirme M.Magoul.

Un marché en croissance

Signe du dynamisme du marché, plusieurs franchises de renommée mondiale y ont pris pied. «Nous constatons aussi l’apparition de centres de services comme Speedy ou PointS bien que la tendance reste à ses débuts», relève le DG d’Interworld. Au cours des dernières années, HardAuto a fait front commun avec Bridgestone, Point S s’est allié à Petrom pour proposer des points de maintenance automobile et pneumatique dans les stations service du réseau Petrom, Afriquia a lancé sa propre marque d’entretien automobile AutoGo, et, tout récemment, l’Ex-master franchisé de Midas a décidé de voler de ses propres ailes sous sa propre marque, FastPro, après avoir exercé depuis 1998 sous l’étendard de la franchise internationale de renom. Ce modèle ne fait pas encore beaucoup d’adeptes parce que les clients ont toujours des appréhensions quand il s’agit de franchises. De plus, les prix pratiqués découragent plus d’un. Pour calmer ces appréhensions, parfois infondées, Tarik Barakt, DG de Fastpro, qui vient de lancer son activité en se désengageant du contrat de franchise la liant à Midas, explique que sa marque veut faire adopter ce concept par le grand nombre en plaçant au centre de son activité la transparence des tarifs et le juste prix. «De plus, les centres FAST Pro ne conseillent le changement d’une pièce que si son remplacement est vraiment nécessaire», assure M.Barakat.
Quel que soit le modèle choisi par l’investisseur (indépendant ou en adhésion à un réseau de franchise international), il est crucial de bien choisir l’emplacement du garage, les partenaires, surtout les fournisseurs, et le matériel. A noter qu’en dehors des autorisations administratives auprès de la commune et des services locaux, aucune autre autorisation ou agrément n’est exigée.

Le choix du local, une clé de réussite

Pour se lancer dans ce business, le site du garage est un point clé. Il faudra trouver un local ayant pignon sur rue dans une zone fréquentée avec un trafic assez élevé. Sont indiquées les grandes artères urbaines (Exp. Moulay Smail, Anfa, Maarif et Maarif extension,..) , proche des dessertes autoroutières (Route El Jadida, Oulfa, Nassim,..), les sorties des villes, et les routes nationales.
Le local doit s’étendre sur 300 m2 au minimum. Pour l’aménagement, les budgets diffèrent selon les travaux souhaités, mais il faut compter entre 70 000 DH et 120000 DH pour les travaux de peintures, cloisons pour séparer les espaces, eau et électricité. Dans ce cadre, il faut prévoir un espace pour les différents appareils, un autre pour le stockage des matières consommables et une petite aire privée pour le personnel. «Plusieurs espaces de réparation ouverts récemment privilégient l’extension verticale sur deux ou trois niveaux. Cette disposition présente plusieurs avantages par rapport à un centre étalé en horizontal», informe Yassine Gasmi, responsable logistique et QHSE chez le Comptoir universel d’équipements de garage (Cueg), un des leaders de son marché.

Pour proposer un entretien complet, crédible et de qualité, les intrants, en l’occurrence les pièces et consommables, doivent être irréprochables. C’est pour cela qu’il faut compter sur des fournisseurs professionnels et de renom. «Nous nous appuyons sur des partenaires pièces de rechange qui nous assurent également la formation de nos équipes sur les différents produits commercialisés par nos centres», assure le management de FastPro.
En outre, il faut veiller à ce que toutes les pièces de rechange proposées par le garage soient des pièces de qualité première main produites par des fabricants de pièces de rechange qui ne lésinent pas sur la sécurité. La plupart des garages structurés sont liés à de grands noms de la pièce de rechange, des fongibles et des lubrifiants au moyen de contrats commerciaux de long terme.

Prudence à propos du choix du matériel

Les équipements de nouvelle génération modulable sont conseillés: d’une part, pour bien tirer profit de leurs capacités, notamment pour des centres qui tournent à pleine cadence, d’autre part, pour ne pas avoir à en changer au bout de 3 à 4 ans. Cette nouvelle génération peut tenir 15 à 20 ans. Ce choix dépend aussi de la portée des activités à pratiquer dans le garage (réparation express,..), le type de véhicules traités et la cadence d’intervention (peu de flux, flux tendus,..). Par exemple, le prix d’une équilibreuse va de 14000 à 54 000 DH selon son niveau de performance désiré. Les concessions doivent retenir l’équipement de premier plan vu qu’elles ont une obligation de respecter les normes constructeur dans leur SAV.
Pour sa part, l’équipement nécessite un budget de plus de 800 000 DH minimum. Il inclut un appareil de géométrie (pour parallélisme) à 120000 DH. Un pont commande quatre colonnes à 100000 DH, un pont à ciseaux et un ponts deux colonnes qui coûtent 70 000 DH, une cabine de peinture pour 280000 DH avec son aire de préparation facturée 170 000 DH. Il faut également prévoir un appareil de diagnostic à 45000 DH en plus d’une station de climatisation avec ses accessoires à 55 000 DH et un testeur de batterie à environ 12000 DH. Il s’agit d’un appareil qui mesure la quantité de gaz de refroidissement dans une voiture pour comparer son degré de conformité avec la quantité idéale dont elle doit disposer. Notons que l’on s’est limité aux grandes rubriques de l’investissement. Le budget du petit matériel est à prévoir. Par ailleurs, un fonds de roulement de 150 000 DH est nécessaire pour faire face aux charges d’exploitation les premiers mois avant l’arrivée des premières voitures.

Maîtrise des charges

Côté charges d’exploitation, ils sont constitués principalement par le loyer du local, les salaires (cinq mécaniciens et deux aide-mécaniciens), et l’achat des pièces de rechange. Ce dernier poste représente environ 70 à 85% des charges. En effet, le loyer peut aller jusqu’à à 25 000 DH par mois pour un local de 350 m2 (300 000 DH l’année). La masse salariale, elle, générera de 384 000 DH ( mécanicien à 5 000/mois et les aide-mécaniciens à 3 500 le mois). Pour les pièces de rechange et les consommables, l’achat annuel équivaut à 1,2 MDH. Les professionnels de la réparation expliquent qu’à mesure que l’activité se développe, le propriétaire du garage peut augmenter son stock en fonction de sa cadence d’écoulement, ses besoins et de son budget. En plus de ces charges centrales, il faudra ajouter les petites charges relatives à l’entretien du garage, charges exceptionnelles, frais, ou encore au matériel de travail des techniciens, pour un forfait de 70000 DH. En ajoutant les charges d’amortissement du matériel de manière linéaire sur une durée de 10 ans à 80 000 DH/an, les charges annuelles dépassent légèrement 2 MDH.

Un chiffre d’affaires de 3,2 MDH pour un local de 350 m2

Pour ce qui est des postes de revenus, en retenant que les garagistes appliquent une marge commerciale de 25 à 30% en moyenne sur les batteries, filtres et matériel de freinage amortisseurs, embrayages, bougies, courroies…(les marges sont plus aisées pour les grandes enseignes qui sont adossées à de grands groupes producteurs de pièces de rechange), la revente des pièces génère un courant d’affaires de 1,5 MDH (1,2 MDH multiplié par 1,25). A cela s’ajoute la main-d’œuvre (8 heures par jour fois 6) pour des revenus annuels de plus de 1,8 MDH (150 DH l’heure au minimum pour 5 mécaniciens). En tout, le garage peut générer 3,2 MDH de recettes par an et par conséquent 1,2 MDH de bénéfice imposable. Déduction faite de l’impôt sur les sociétés au taux de 31% au barème progressif (232 000 DH), le business présente un bénéfice net de 968 000 DH, ou un taux de rentabilité de 30,2%.

D’après les données officielles du ministère de l’équipement et des transports, le parc automobile est estimé à plus de 3,2 millions de véhicules et le marché du neuf s’élève à plus de 150 000 véhicules, en croissance depuis trois ans dont 65% dépassant cinq ans selon les estimations des spécialistes. Le parc est plus vétuste que la normale avec une moyenne de 10 à 15 ans. De plus, chaque année, environ 400 000 voitures changent de main (mutations de cartes grises). Toute cette flotte nécessite pour son entretien des pièces et… aussi des garagistes. À l’engouement traditionnel du commerce des voitures s’ajoutent certains facteurs qui font de l’activité une affaire porteuse qui mérite d’y penser ! D’une part, le parc automobile vieillit et comme les voitures neuves coûtent assez cher, il faut être au plus près de sa voiture et l’entretenir plus régulièrement. De plus, l’électronique, de plus en plus présent dans les voitures, n’est pas forcément accessible aux réparateurs amateurs. Ce qui rend les réparateurs professionnels, multitâches et spécialisés un passage obligé à leur grand bonheur ! D’après les estimations recoupées des professionnels, le chiffre d’affaires du secteur de la pièce détachée uniquement est estimé à plus de 8 milliards DH. Les chiffres de la maintenance automobile ne sont pas disponibles. Les estimations seraient imprécises, étant donné qu’il s’agit d’un marché très atomisé et animé par des milliers de petits ateliers, garages moyens et grands locaux d’entretien offrant des milliers d’emplois éparpillés à travers les différentes villes du pays.

la vieéco


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