Microéconomie et commerce international : combo gagnant
Si en prépa, la microéconomie représente seulement une toute petite part du programme, souvent mise de côté car technique et parfois incompréhensible, à la fac d’économie on l’utilise partout, tout le temps et surtout quand on s’y attend le moins !
En réalité, elle a l’avantage de donner de la crédibilité à ce que l’on affirme, si on utilise une approche graphique rigoureuse. On l’utilise beaucoup notamment pour analyser le commerce international.
Aujourd’hui, je vais vous présenter deux modèles simples, qu’on ne voit souvent pas en ECE, mais qui peuvent se révéler utiles dans une copie qui traite de près ou de loin des échanges ou de la mondialisation.
1) Mise en place d’un droit de douane quand l’échange se fait entre deux grands pays
On veut prouver que : la mise en place d’un droit de douane entraîne une baisse du volume global du commerce, dans le cas de deux grands pays. C’est peut-être évident mais pas toujours facile à démontrer !
En effet, on ne peut pas considérer tous les pays comme trop petits pour n’avoir aucune influence sur les prix, c’est le cas des États-Unis ou de l’Union européenne.
Soit PE le prix mondial qui se fixe par le jeu de l’offre et de la demande mondiale. Soit T le montant de la taxe.
On suppose que l’économie nationale importe et qu’elle impose un droit de douane sur le produit importé. Mais cette économie est d’une taille importante, donc elle a un effet sur la demande mondiale : la demande nationale pour ce produit diminue, donc le prix mondial PE diminue. Il en résulte que les consommateurs de l’économie nationale vont payer un prix PT inférieur à la somme du prix mondial plus la taxe T car la baisse de la demande nationale aura affecté le prix mondial à la baisse.
Les producteurs de l’économie étrangère vont donc produire à un prix PT* égal à PT – T, inférieur au prix mondial initial PE.
Conclusion : par lecture des graphiques des économies nationales (différence entre offre et demande), on voit que l’on a une baisse des importations nationales et une baisse des exportations étrangères, donc une baisse du volume global des échanges.
2) Qui reste et qui sort du marché mondial ? Quelles firmes gagnent à l’échange ?
On veut prouver que : toutes les firmes ne gagnent pas à l’ouverture, à placer dans une seconde partie d’une dissertation sur les avantages de la mondialisation/libéralisation.
Hypothèses : nous sommes en concurrence monopolistique, situation où plusieurs monopoles sont en compétition et peuvent faire face à une même demande (la demande mondiale, par exemple) dans un contexte d’ouverture internationale.
On considère deux monopoles, avec des coûts marginaux différents : Cm1 < Cm2 et faisant face à une demande D et une recette marginale Rm unique. On constate alors que la firme 1 en vert a un profit plus important que la firme 2 en rouge (voir la détermination graphique du profit en situation de monopole en microéconomie).
On en déduit donc la différence de profit des firmes sur le marché. Ainsi, sur un marché, toutes les firmes ne peuvent pas être productives : certaines firmes ont un coût marginal trop élevé pour pouvoir espérer entrer sur le marché et faire du profit, alors que d’autres le pourront. On peut représenter cela sous la forme de ce graphique : au-delà d’un certain seuil de coût marginal Cm*, les profits de ces firmes sont nuls et les firmes ayant un Cm supérieur à Cm* n’entreront pas sur le marché.
En passant sur le marché mondial, de très nombreuses firmes, hétérogènes, avec des coûts marginaux différents sont mises en concurrence. Le seuil de coût se déplace alors vers l’origine : on passe de Cm* à Cm*’.
On a un impact différencié à l’ouverture en présence de firmes hétérogènes (Mélitz, 2003) :
– Des firmes sortent du marché car leur Cm est trop haut (au-dessus de Cm*)
– D’autres restent et voient une baisse de leur profit (entre Cm*’ et le croisement de Cm* et Cm*’)
– Les dernières restent et ont un profit qui augmente (celles dont le Cm est inférieur à celui où se croisent Cm* et Cm*’).
Dans les deux premiers cas, les firmes perdent à l’ouverture (baisse de profit ou sortie du marché).
La conclusion de Mélitz est que le commerce international opère une sélection et récompense les entreprises les plus productives : il crée donc une situation économiquement optimale en éliminant les entreprises moins efficaces.
C’est ce dernier graphique qui peut figurer sur une copie, les deux premiers servant à la compréhension du modèle :
J’espère que ces deux modèles te seront utiles pour étoffer tes copies ou pour mieux comprendre le mécanisme et la réflexion microéconomiques. La microéconomie pourrait bien devenir ta meilleure amie !
major-prepa.